
Les amateurs de polar et de SF ont de quoi se frotter les mains : The One Hand & Six Fingers, deux séries interconnectées signées Ram V et Dan Watters, débarquent avec un premier numéro et embarquent le lecteur dans un univers noir, moite et crasseux. L’un suit une enquête tortueuse, l’autre décortique la dérive d’un assassin. Deux morceaux d’un même puzzle, à lire dans l’ordre conseillé sous peine de tout foutre en l’air.

Deux récits, un crime, une obsession
Les auteurs ont une idée maline : raconter la même histoire sous deux angles. The One Hand s’ouvre sur Ari Nasser, un flic rincé par les années, à quelques jours de la retraite. Mais voilà : le « Tueur à la main » qu’il a déjà coffré… deux fois… semble de retour. Le genre d’affaire qui vous broie un homme. Et Ari, lui, n’a jamais su lâcher prise. Ce n’est pas vraiment dans son tempérament car Ari est du genre tenace.
Côté Six Fingers, on change d’angle : bienvenue dans la tête de Johannes Vale, un universitaire avec un grand avenir devant lui… sauf qu’il va très vite sombrer dans une spirale de violence et de sang. Le crime qui obsède Ari ? C’est lui qui l’a commis. Mais pourquoi ? Comment un type aussi lambda peut-il sombrer ? Et est-il vraiment seul maître de son destin ?

Bienvenue à Neo Novena, la ville qui ne dort jamais
Là où ces deux BD marquent des points, c’est dans leur univers. Nous sommes en 2873 à Neo Novena, et c’est le cauchemar cyberpunk parfait : des humanoïdes esclaves des humains, des néons blafards, des drones virevoltants, des ombres menaçantes et des ruelles où on ne mettrait pas un orteil après 22 h. Ram V et Dan Watters ne révolutionnent pas le genre, mais ils l’exploitent à merveille.
Les dessinateurs Laurence Campbell (The One Hand) et Sumit Kumar (Six Fingers) livrent une ville pleine de recoins obscurs et de décors poisseux. L’influence est claire : Blade Runner mâtiné de Se7en. La palette de Lee Loughridge ajoute une couche de crasse visuelle.
Des personnages ni aimables ni lisses, et c’est tant mieux

Ari Nasser est un type qu’on n’a pas envie d’inviter à dîner : renfermé, obsédé par son boulot, incapable de décrocher. Mais c’est aussi ce qui le rend fascinant. Il ne sait rien faire d’autre qu’être flic, et cette affaire le bouffe tout entier.
Quant à Johannes Vale, c’est le mec dont la vie pourrait être banale, jusqu’à ce qu’il prenne un virage mortel. Victime ou monstre en devenir ? Dur de trancher sur ce premier numéro. Son parcours est flippant, car plausible : on le voit glisser lentement, trop lentement pour qu’il s’en rende compte.
Un récit exigeant, mais qui prend aux tripes

Lire The One Hand et Six Fingers, c’est accepter de plonger dans un labyrinthe mental. L’écriture joue avec les non-dits, les répétitions obsessionnelles et des dialogues secs comme une claque. Ce diptyque demande un effort : on n’est pas dans du polar fast-food. Mais une fois happé, difficile de décrocher.
Au lettrage, Aditya Bidikar s’amuse avec la mise en page, en cachant parfois des bulles derrière des éléments du décor, donnant une impression d’oppression constante. Chaque détail est là pour renforcer l’ambiance.
Verdict : les débuts d’un petit bijou noir à ne pas rater
Si vous aimez les polars sombres, les anti-héros rongés par leurs démons et les univers de SF crasseux pas trop éloigné du notre, ce premier volet est un must. Un récit tendu, malin, qui gratte là où ça fait mal. Reste à espérer que la suite soit à la hauteur de ce départ brillant. Et n’oubliez pas : commencez par The One Hand avant de lire Six Fingers, sous peine de tout gâcher !

The One Hand & The 6 Six Fingers, tome 1 est un comics de 72 pages publiés en France par Urban Comics. Il contient : The One Hand # 1 et The Six Fingers #1