Superman : Year One, les origines ratées de Superman par Frank Miller et John Romita jr !

superman year one
(image : © DC Comics)

Lorsque l’on assigne Frank Miller à un projet nommé Year One, on se doute bien que l’on va caresser le lecteur nostalgique dans le sens du poil. Surtout lorsqu’on l’associe à John Romita jr, son compère de Man Without Fear. Et pourtant, Superman : Year One nous prouve que ce n’est pas toujours dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Entre un Frank Miller qui se moque de la cohérence de son histoire et un J. Romita jr qui se « Liefeldise », on est très loin d’un succès.
■ par Doop

 

superman year one
(image : © DC Comics)

Une 1re partie ultra classique

Superman : Year One est un comics en 3 parties publiée sous le Black Label (la frange adulte de DC Comics). Et c’est vrai que lire du Superman par Frank Miller pouvait donner quelque chose d’intéressant. Tout du moins un point de vue assez différent et peut-être un peu engagé.  Malheureusement, le premier tome est d’un classicisme absolu. On y retrouve quasiment tous les clichés du genre qui ont défini le parcours du jeune Clark Kent à Smallville avant qu’il ne devienne Superman. La fusée, son accueil par les Kent, la découverte de ses pouvoirs, Lana Lang… On a déjà vu cela et rien ne ressort du lot. Comme d’habitude, Clark comprend qu’il doit cacher ses pouvoirs en suivant les conseils de son cher papa. Il n’y a rien de nouveau et sincèrement, cela a déjà été mieux fait. Sincèrement, rien ne se détache de ce 1er numéro de Superman : Year One si ce n’est que le Clark de Frank Miller est un tout petit peu plus hardi. On évoque la 1ère fois de celui-ci avec Lana Lang au détour d’une case mais c’est bien peu dans l’originalité ! Il y a une scène quand-même assez dérangeante : celui de la tentative de viol de Lana Lang, traitée comme si de rien n’était ! Les dialogues sont pauvres. Je me demande d’ailleurs si Frank Miller n’a pas voulu rendre un hommage un peu raté aux comics de la période de l’âge d’or, en proposant un récit très superficiel. On ne retient rien de ce 1er numéro en dehors des dernières pages, qui propulsent le récit dans une direction différente

 

superman year one
(image : © DC Comics)

Des dessins pas à la hauteur, amplifiés par un encrage qui ne convient pas.

Au niveau dessins, ce n’est pas méchant de dire que John Romita jr a perdu de sa superbe depuis quelques années. Il faut dire que cet épisode, où il n’y a quasiment que des adolescents qui évoluent dans un cadre rural, ne joue pas sur ses forces. En effet, le dessinateur a toujours la même difficulté à dessiner des enfants ou des jeunes adultes, les affublant souvent de têtes disproportionnées. C’est certes le style de Romita jr depuis quelques années, mais là cela ne fonctionne pas du tout. Il faut dire aussi que le dessinateur n’est absolument pas aidé par l’encrage. Je ne comprends pas l’idée d’associer John Romita à Danny Miki. Sans vouloir polémiquer sur les capacités de cet encreur, je ne pense pas que celui-ci soit fait pour les dessinateurs qui ont un peu de style. Il a en effet tendance à « manger » les traits de ses dessinateurs, à imposer un encrage très détaillé, avec beaucoup de traits. Si cela marche sur des dessinateurs à la David Finch voire Jim Lee, cela ne fonctionne pas du tout dès que l’artiste sort un peu de la norme. Il avait déjà pas mal ruiné les planches de Greg Capullo sur Batman, et il fait de même sur les dessins de Romita jr dans Superman : Year One. Al Williamson, Klaus Janson ou Tom Palmer, eux aussi à la main lourde, arrivent à corriger, voire à interpréter certaines digressions de Romita jr pour le meilleur. Miki se contente de suivre les crayonnés en rajoutant des traits et de la texture partout. De fait, certains visages sont tellement différents qu’on pourrait trouver une certaine ressemblance avec les dessins de Rob Liefeld ! J’exagère ? Pas tant, surtout dans les visages vue de face. Autant vous dire que ce n’est pas la joie !

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(image : © DC Comics)

Superman rejoint l’armée et devient roi d’Atlantis ?

La 2ème partie de Superman : Year One est certainement la plus originale. Frank Miller décide de tenter quelque chose de jamais vu en faisant de Clark Kent un soldat. Et cela peut faire sens. Dans la mesure où Clark Kent décide de vivre le rêve américain à fond, cela ne me semble pas vraiment incohérent d’en faire un engagé volontaire. Le problème, c’est que forcément, c’est difficile pour Frank Miller de livrer une histoire sans incohérences. Parce que Clark Kent à l’armée, rien que lorsqu’on lui coupe les cheveux ou qu’on lui fait des examens médicaux, ce ne pourrait pas passer. Mais F.Miller se moque totalement de la pertinence ou du réalisme du récit. Il écrit ce qu’il veut, ce qui est parfois intéressant mais cela devient assez ridicule ici. Lors d’une scène totalement délirante où l’armée envoie des jeunes recrues combattre des terroristes sur un bateau, le récit dérape totalement. Bon, inutile déjà de vous préciser la nationalité des terroristes, on aura compris ! Déjà ce n’est absolument pas crédible, mais en plus Frank Miller doit contorsionner son histoire dans tous les sens pour rester dans les clous. Superman n’est pas censé tuer, donc il utilise ses pouvoirs pour mettre ses adversaires hors d’état de nuire. En revanche, cela ne le gêne absolument pas de voir ses camarades flinguer des terroristes à tout va !
Admettons. C’est au moins plus original que prévu et cela se laisse lire. Surtout quand Clark rejoint Lori Lemaris pour devenir seigneur du royaume d’Atlantis ! Non, ce n’est pas une blague ! Clark oublie sa chère et tendre Lana pour devenir seigneur d’un royaume sous-marin ! Et pourquoi pas ? Même si on ne reconnaît plus du tout Clark Kent, l’histoire prend un tour nouveau, et cela permet à John Romita jr de dessiner des pleines pages de monstres marins et de créatures bizarres, ce qui est, incontestablement son point fort. Les auteurs avaient réussi à me surprendre et j’étais limite enthousiaste de lire la suite.


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La suite ? Tout de suite !


	




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Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.