Urban Comics publie Simon Spurrier présente Hellblazer. Un comicbook qui marque le retour de notre bon vieux John Constantine dans des aventures plus passionnantes que jamais. Le sorcier cabochard et râleur va s’enfoncer des enquêtes surnaturelles toujours plus glauques. Un run formidable aux dessins fabuleux qui ravira les débutants et les vieux routards d’Hellblazer.
■ par Stéphane Le Troëdec
Dans le futur, c’est la fin de notre monde, dévoré par les démons. John Constantine, blessé se réfugie dans un pub pour y mourir dans le calme. Mais il ne va pas y trouver le repos escompté : un étrange vieil homme vaguement familier lui propose un marché. Il lui sauve la peau et en échange, lorsque John mourra, le vieux récupérera son âme. John n’a pas le choix : il accepte… Et se réveille de nos jours dans son bon vieux Londres, au milieu des patients d’un asile psychiatrique. Très vite, John Constantine parvient à sortir et reprend ses bonnes vieilles habitudes : soirées au pub et enquêtes sur des cas paranormaux. Seulement il ignore encore que le mystérieux vieil homme l’a suivi à notre époque et il prépare quelque chose dans l’ombre…
Un nouvel environnement pour John Constantine
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Simon Spurrier reprend facilement à son compte l’univers d’Hellblazer. Après un démarrage un brin brouillon (on va y revenir), le scénariste installe donc John Constantine dans un environnement connu (le Londres ésotérique) mais avec un casting différent de celui-ci que nous connaissions. Tout en conservant l’atmosphère de la série Hellblazer, Simon Spurrier parvient à donner l’impression de renouvellement. Adieu Chas, l’ami chauffeur de taxi de John, et bienvenu à tout un panel de nouveaux personnages. Nat, la videuse de pub. Noah, le trafiquant de drogue muet. Le Vestibulien, une entité surnaturelle (un aequim) prisonnier d’un téléphone portable. Tommy Sauleblanc, bobo apprenti sorcier insupportable. Et donc ce mystérieux vieil homme, qui sera le fil rouge de tout le run et incarnera l’ennemi juré de notre héros. Ça fonctionne car Simon Spurrier leur confère à chacun une personnalité fine et forte. Et les nouveaux lecteurs seront un peu pris par la main dans la mesure où les références au passé sont minimes.
12 épisodes de très haute volée (après 2 épisodes moins réussis)
Tout le sel des aventures du comicbook Hellblazer provient de l’originalité des cas paranormaux traités. De ce côté, Simon Spurrier réussit un sans fautes, si on excepte les 2 premiers épisodes, particulièrement brouillons, déconcertants et laborieux. Ils sont, hélas, indispensables à la mise en place du nouvel environnement de Constantine. Mais le reste de l’album, 12 épisodes, est proche de la perfection ! Simon Spurrier écrit un Londres glauque comme cette aventure mettant en scène un caïd sorcier qui pratique la magie à partir d’entrailles humaines ! Les épisodes s’enchaînent et forment progressivement une belle saga ésotérique dotée d’un fil rouge intéressant. John Constantine s’enfonce progressivement dans des aventures de plus en plus glauques. Mais aussi très politiques : Simon Spurrier évoque tour à tour les problèmes des quotas de pêche, les conséquences du Brexit, la pédophilie et la marchandisation des femmes. Probablement conscient que son run allait être écourté (hélas), Simon Spurrier termine sur un épisode en 2 parties qui vient refermer les principales intrigues en court. C’est un poil trop court, car on aurait aimé que son run dure plus longtemps mais cela donne un final épique, parfaitement dans ce qu’on peut attendre d’un épisode d’Hellblazer !
Graphiquement, une réussite formidable
Aaron Campbell et Matias Bergara se relaient sur les 12 épisodes d’Hellblazer. Aaron Campbell, vous pouvez le retrouver dans un autre album publié il y a peu : Infidel. Matias Bergara a déjà travaillé avec Simon Spurrier sur le formidable Coda. Le travail des 2 artistes est magnifiques, dans des atmosphères très différentes. Campbell a un style plein de hachures idéal pour les ambiances sinistres et qui fait parfois penser à un Roberto de la Torre ou un Alex Maleev ; Bergara est plus rond, plus coloré aussi, mais il nous offre un John Constantine flamboyant de roublardise avec une petite pointe d’humour et de cynisme. Ajoutez à cela des couvertures de John Paul Leon et vous obtenez un album graphiquement superbe. John Constantine est à la fête ces derniers mois : les curieux et néophytes peuvent s’initier en douceur avec Hellblazer : Rise and Fall, tandis que les lecteurs plus aguerris craqueront forcément pour ce très bel album. Ils auront bien raison : Simon Spurrier présente Hellblazer est ce qui est arrivé de mieux à Constantine depuis bien longtemps ! ■
Simon Spurrier présente Hellblazer est un comics publié en France par Urban Comics. Il contient Books of Magic 14, The Sandman Universe Presents Hellblazer 1 et John Constantine – Hellblazer 1-12.
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