Simetierre : une nouvelle adaptation cinématographique du roman de Stephen King [avis]

(image © Paramount Pictures)

Simetierre est de retour au cinéma dans une nouvelle adaptation du roman de Stephen King. Une version plus moderne aux personnages bien campés et bien interprétés.
■ par Ben Wawe

 

Avant l’arrivée de Ça 2e partie, Stephen King est à l’honneur avec la sortie de Simetierre, remake d’une des histoires les plus marquantes du maitre de la peur. Deux réalisateurs méconnus signent une très bonne surprise, avec un film très efficace grâce à des acteurs concernés, des modifications pertinentes de l’intrigue. Et surtout une ambiance idéale pour sentir monter la peur et l’horreur.

 

(image © Paramount Pictures)

 

Stephen King terrifié par Simetierre

Avec des dizaines de romans, des centaines de nouvelles, Stephen King n’est plus le vilain petit canard de la littérature qu’il était : sa place de grand maitre est autant assurée que justifiée. Ses œuvres ont souvent été adaptées à l’écran, avec plus ou moins de réussite. En 2017 la 1re partie de Ça a été un immense succès et plusieurs projets ont été lancés ou réactivés. La série Castle Rock, Ça 2e partie, La Tour Sombre, etc. mais aussi cette nouvelle adaptation de Simetierre. Stephen King a écrit ce roman après s’être installé près d’une route à grande vitesse, où les camions fauchent de nombreux animaux. En 1983, Simetierre sort et Stephen King le considère comme le roman qui le terrifie le plus. En 1989 la réalisatrice Mary Lambert adapte l’histoire pour le grand écran. En 2019, Kevin Kölsch et Dennis Widmyer proposent un Simetierre … légèrement différent, mais tout autant terrifiant.

 

(image © Paramount Pictures)

 

Les mystères et les horreurs du Maine

Les Creed s’installent dans une petite ville du Maine, région de prédilection de Stephen King. La famille est composée de Louis, médecin, Rachel, femme au foyer, et leurs enfants, la douce Ellie et le bébé Gage. Ils quittent Boston pour que Louis soit plus proche d’eux. Ils s’installent dans une belle propriété, hélas proche d’une dangereuse route à grande vitesse. La famille se lie avec leur nouveau voisin, Jud, qui les renseigne sur d’étranges processions à proximité. Un « simetierre » pour animaux a été installé jadis sur leur terrain par de jeunes enfants, toujours utilisé maintenant ; juste devant une barrière végétale troublante. Louis a des visions l’avertissant de ne jamais franchir cette barrière. Mais le chat d’Ellie meurt et, songeant au futur chagrin de l’enfant, Jud emmène Louis au-delà de cette frontière naturelle. Vers une zone appartenant jadis aux indiens, qui l’ont quitté… Car « ce qui y est enterré revient ». Cela va déclencher d’abominables évènements, car la route à grande vitesse arrache un proche à Louis, qui est effondré par le chagrin et en vient à envisager l’impossible…

 

 

Un film intense et équilibré

Le remake de Simetierre est évoqué depuis des années. Les producteurs ont eu raison de se lancer, car le résultat est très bon. En moins de 1h45, les méconnus Kevin Kölsch et Dennis Widmyer adaptent intelligemment le roman de 475 pages, alors qu’ils n’ont réalisé que Starry Eyes en 2014. Ils coupent des éléments, comme la mythologie du Wendigo, mais gardent le cœur du propos du livre. Leur film dispose de 3 parties distinctes et claires, où l’étrange et la peur montent jusqu’à un dernier acte classique, mais terrible. Les personnages sont bien écrits, sans cliché de film d’horreur, et l’intensité grandit dans l’enchainement clinique de l’anéantissement des Creed. La réalisation soignée rend le film agréable à l’œil, notamment dans les passages sombres qui sont pour une fois très lisibles.

 

(image © Paramount Pictures)

 

De bons acteurs pour une ambiance travaillée

Dans Simetierre il y a peu de personnages, mais ils sont bien incarnés. La carrière de Jason Clarke est impactée par Terminator Genysis, mais son jeu intense et habité correspond à ce Louis qui glisse dans l’abime. John Lithgow joue un Jud hanté et troublé, tandis que Amy Seimetz est formidable dans ce rôle puissant de mère rongée par son passé. Et la jeune Jeté Laurence livre une prestation profonde dans un rôle bouleversant au fil de ce récit bien orchestré.

 

(image © Paramount Pictures)

 

Une atmosphère mystérieuse

Les réalisateurs font en effet monter ce sentiment d’étrangeté au long de leur film, avec cette ambiance bizarre, mystérieuse ; bien préparée. Ce qu’on appelle « photographie » en cinéma est l’esthétique de l’image, du rendu des lumières et ombres. Dans Simetierre, c’est Laurie Rose qui s’en occupe : elle livre des moments saisissants, qui créent cette atmosphère terrible. La découverte du « simetierre » est troublante, mais c’est bien la 1re avancée de Louis et Jud au-delà de la barrière qui est superbe. Envoutante, surnaturelle, elle happe le spectateur, déjà touché par les visions de Louis. Cette ambiance hante tout le film, jusqu’aux dernières scènes ; glaçantes d’effroi, et d’un pessimisme rare.

 

(image © Paramount Pictures)

 

Des choix d’adaptation pertinents

Beaucoup connaissent déjà le propos de Simetierre par sa popularité. Les bandes annonces évoquent déjà les ressorts du récit, et plusieurs fans sont surpris des changements du film ; ils apparaissent pertinents. Si Louis perd l’un de ses proches, changer son identité a l’avantage de surprendre, et rend la suite encore plus forte. Le spectateur est suffisamment « préparé » pour que ce trépas soit une déchirure communicative. Mais c’est bien le final qui surprend et choque, bien plus terrible et pessimiste que dans le roman ou le 1er film. Stephen King intègre une « force positive » dans la majorité de ses récits, comme Shining avec Halloran et le don de Danny. Le roman Simetierre offre déjà un final dur, négatif ; mais la coupure nette laisse espérer un sauvetage in extremis, un motif d’espoir. Ce n’est pas le cas pour Simetierre 2019, plus sinistre, avec une dernière image terrible ; choquante, mais efficace.

 

(image © Paramount Pictures)

 

Frissonner devant ce nouveau Simetierre

Simetierre 2019 ne révolutionne pas le genre, mais il est efficace. Il surprend par ses choix, pertinents dans le contexte, mais aussi par son orientation sombre et pessimiste. Alors que le froid hante les 1ers jours d’un printemps grisâtre, c’est une bonne occasion pour frissonner au cinéma en découvrant ce nouveau Simetierre ! ■

(image © Paramount Pictures)