Cannibal : un comics où les zombies manquent de mordant ! [critique]

Un virus inconnu s’est abattu dans le fin fond de la Floride, transformant les gens en mangeurs de chair sanguinaires. Dans la petite ville de Willow, nous suivons le destin de 2 frères qui se retrouvent, bien malgré eux, au milieu de cette menace. Un comics qui se lit mais qui manque clairement de développement et d’originalité.
■ par Doop

 

 

Encore un titre Image avec des zombies !

Dans le dernier né des productions Image Comics, je vous présente Cannibal, crée par Brian Buccellato (le scénariste de Flash New 52) et Matias Bargara (un dessinateur uruguayen qui a travaillé dans les jeux vidéo). La compagnie Image Comics est devenue depuis une dizaine d’année un refuge pour les créateurs qui veulent se lancer dans les titres indépendants et toucher des droits sur leurs créations. Véritablement galvanisée par le succès impressionnant de Walking Dead, Image possède cependant un énorme défaut : lancer tous les mois des dizaines de nouveaux titres, abordant souvent la même thématique et dont la plupart ne dépassent pas les douze numéros. Image Comics peut toujours compter sur des titres phares : Lazarusne manquez pas le tome 6 !Outcast, ou encore Saga. Mais la compagnie a aussi produit de nombreux titres sans grande saveur. C’est malheureusement le cas de Cannibal.

 

 

Un univers superficiel et des personnages passe-partout

Au 1ère abord, la perspective de lancer un titre sur les zombies se déroulant dans les Everglades pouvait sembler alléchante. Malheureusement, Brian Buccellato et Jennifer Young n’en font absolument rien. La 1ère partie de Cannibal est véritablement difficile à lire : l’univers n’est pas suffisamment décrit. Ainsi, on ne connait pas l’origine de ce virus ni comment il se propage et les personnages se ressemblent tous. Pire : l’histoire du virus zombie n’est pas, pour l’instant, au cœur de l’action. Buccellato et Young préfèrent s’intéresser aux problèmes pas très originaux des frères Hansen. L’un voit sa petite amie disparaître, l’autre accueille un ami qui veut échapper à sa femme et que tout le monde croit être un zombie. On a déjà vu ces idées des dizaines de fois et cela ralentit vraiment le récit pour pas grand-chose. De plus, l’action aurait pu être située n’importe où, cela n’aurait rien changé à l’histoire, qui n’utilise absolument pas le contexte poisseux des marais de la Floride. C’est à mon sens la grosse déception de la série. En gros, dans Cannibal, on prend un bout de Southern Bastards, on le mélange avec un peu de Walking Dead et on espère que cela va donner un succès, mais on en est loin.

 

 

Des dessins sans originalité qui n’aident pas à la mise en place

Il faut dire que les dessins de Cannibal manquent réellement d’originalité. Les personnages sont vraiment tous quasi identiques et comme le scénario ne nous aide pas, on se contente de tourner les pages les unes après les autres en essayant de se raccrocher comme on peut à la maigre histoire proposée. Ceux qui attendent un univers qui se construit au fil des pages risquent d’être sévèrement déçus. Quelques soucis de composition aussi. Après c’est un peu sévère, Matias Bergara possède un bon coup de crayon mais manque encore, à mon sens, de maturité. Il peut progresser.

 

 

Quelques raisons d’espérer

Heureusement, si vous arrivez à tenir jusqu’à la moitié de Cannibal, vous pourrez constater une amélioration. Les scénaristes se concentrent beaucoup plus sur les personnages principaux et développent leur histoire. Si c’est loin d’être extraordinaire, cela permet au moins de donner un peu de vie, même si les zombies sont toujours absents. On a droit à une petite surprise à la fin de l’épisode 3, qui peut aboutir à une véritable intrigue et qui peut rajouter de la tension à un scénario bien mou. Qu’on ne s’y méprenne pas, Cannibal est un comics lisible, qui propose une histoire cohérente et des dessins corrects. Le problème, c’est que cela manque cruellement d’originalité et que le contexte de l’histoire n’est pas du tout mis en valeur. Un comics vraiment moyen en somme. On peut toutefois espérer que les auteurs s’améliorent lors du prochain volume car la fin du 1er tome laisse espérer une suite d’un meilleur niveau. ■

Cannibal, tome 1 est un comics de 112 pages écrit par Brian Buccellato et Jennifer Young, et dessiné par Matias Bergara. Cet album est publié en France par Glénat au prix de 15,95 €. Les épisodes originaux sont parus aux USA chez Image Comics.




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.