ROM, le Chevalier de l’espace, est de retour en France en Omnibus

Temps de lecture estimée : 5 min.

Fin des années 70, le fabricant Parker Brothers balance un jouet de science-fiction dans les rayons. Une figurine de robot argenté, austère, qui semble tout droit sorti d’un film de série B fauché. Sauf que voilà, le jouet n’a pas le succès escompté. Alors plutôt que de le laisser moisir dans un coin, Parker Brothers file le bébé à Marvel et leur demande d’en faire quelque chose d’intéressant. Pari tenu : Bill Mantlo au scénario, Sal Buscema aux crayons, et ROM devient un comics culte.

ROM, c’est un chevalier de l’espace qui a troqué sa chair pour une armure cybernétique. Il vient de la planète Galador et traque les infâmes Spectres Noirs, des extraterrestres métamorphes bien vicieux, sortes de cousins éloignés des Skrulls, mais avec une touche de sorcellerie en prime. Très vite, on capte que ces Spectres, c’est le mal : ils flinguent des chiens, laissent crever des mecs sur des tables d’opération… Oui, le ton est donné.

ROM s’écrase sur Terre et tout part en vrille

Après deux siècles de chasse aux Spectres, ROM débarque sur Terre, façon météore en Virginie-Occidentale. Premier contact avec l’humanité ? Il manque de se faire rouler dessus par Brandy Clark, qui deviendra son alliée… et plus si affinités. Problème : quand ROM neutralise les Spectres Noirs avec son arme, ça laisse juste une pile de cendres, et les humains pensent qu’il assassine leurs voisins. Pas simple, hein ? Seule Brandy (et son mec Steve, mais on va y revenir) capte ce qui se passe vraiment.

Pourquoi ROM ne tue pas les Spectres directement ? Jim Shooter, big boss de Marvel à l’époque, avait décrété que les héros Marvel ne devaient pas tuer. Du coup, ROM les envoie dans une dimension parallèle appelée le Néant. Pratique pour les ventes, moins pour convaincre la populace qu’on n’est pas un dangereux sociopathe métallique.

Love story et triangle amoureux

En plus de botter les fesses des Spectres Noirs, ROM se retrouve pris dans un triangle amoureux aussi improbable qu’impossible. Il a beau être un cyborg, il n’a pas perdu sa fibre romantique et tombe sous le charme de Brandy. Sauf que Steve, son copain humain bien en chair (et avec un avantage biologique indéniable), voit ça d’un très mauvais œil.

Et comme si ça ne suffisait pas, voilà qu’un Spectre Noir prend l’apparence de Steve et tente d’épouser Brandy. Mais ROM ne l’entend pas de cette oreille et débarque à la cérémonie façon Terminator dans une église. Oui, c’est un peu le film Le Lauréat, sauf que Dustin Hoffman est remplacé par un robot géant armé d’un Neutraliseur.

ROM : plus proche de l’horreur que du super-héros classique

Si vous pensiez que ROM, c’était juste des bastons spatiales et des super-héros en collants, détrompez-vous. Ce comics flirte carrément avec l’horreur. Entre la paranoïa ambiante et l’invasion extraterrestre insidieuse, on est plus proche des séries tv Les Envahisseurs ou The X-Files que des Avengers.

Autre point intéressant : contrairement aux comics où le statu quo est roi, ici, les personnages secondaires ne sont pas intouchables. Les Spectres Noirs infiltrent tout, prennent possession des gens, et ça part en carnage. Personne n’est à l’abri, et ça change des scénarios où les héros sauvent invariablement la mise en dernière minute.

ROM et ses rencontres avec l’univers Marvel

Bien que ROM ait son propre lore, il croise pas mal de figures emblématiques de Marvel. Dans ce tome 1, on retrouve les X-Men, Power Man & Iron Fist, Nova, les Quatre Fantastiques et même Torpedo. Plutôt que d’être des apparitions gratuites, ces guests s’intègrent bien à l’histoire, qui tourne autour de l’invasion des Spectres Noirs.

Bill Mantlo et Sal Buscema gèrent tout ça avec intelligence : chaque crossover a du sens et ne donne pas l’impression d’être un simple placement de personnages pour booster les ventes. Un vrai plaisir pour les fans.

ROM vs Hybrid et Galactus : du lourd

Deux gros morceaux marquent ce premier omnibus. D’abord, la baston contre Hybrid, une monstruosité née d’une union entre un humain et un Spectre Noir. Non seulement Hybrid est un mutant (ce qui attire les X-Men dans l’histoire), mais il est aussi une horreur ambulante qui n’a aucun scrupule à massacrer ses propres parents. Forcément, ça finit en baston épique avec ROM.

Autre moment fort : le retour de ROM sur Galador, sa planète natale, où il tombe sur Galactus. Le Dévoreur de Mondes a jeté son dévolu sur Galador, et ROM, en mode négociateur spatial, tente de le détourner vers la Nébuleuse Noire, la planète des Spectres Noirs. Mais dans ce genre d’échange, c’est toujours la même question : qui va l’emporter ?

Torpedo et Clairton : un espoir bien fragile

Voici un autre exemple d’intégration de ROM dans l’univers Marvel. Pendant que ROM joue les globe-trotteurs de l’espace, il laisse la protection de sa ville d’adoption, Clairton, à Torpedo, un super-héros de troisième zone. Spoiler : ça se passe mal. Un brouillard mystique s’abat sur la ville, les Spectres prennent le dessus sur le héros et la situation devient un joyeux désastre. Comme quoi, être un gentil gars, ça ne suffit pas toujours.

Verdict : un indispensable pour les fans de SF et de comics old-school

ROM : L’Omnibus Tome 1 est un sacré voyage dans le temps, un cocktail improbable entre science-fiction, horreur et action super-héroïque. Bill Mantlo et Sal Buscema livrent une œuvre dense, rythmée et immersive, portée par un héros incompris mais ô combien charismatique.

Si vous aimez les récits de SF bien ficelés, les conspirations extraterrestres et les héros en quête de rédemption, foncez. Pour les autres, au moins, vous saurez pourquoi ce fichu robot argenté continue de fasciner les lecteurs après toutes ces décennies.

ROM, l’omnibus, tome 1 est un comics de 702 pages publié en France par Panini Comics. Il contient : ROM (1979) #1 à 29, et POWER MAN AND IRON FIST (1978) #73




A propos Stéphane 734 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.