Mark Millar présente sa nouvelle série, Prodigy, et son nouveau héros. Edison Crane est l’homme le plus intelligent au monde – Prix Nobel, compositeur, expert dans tous les domaines, champion olympique. Cet aventurier ultime est confronté à une terrible menace mondiale, et court le monde pour l’empêcher. Avec style et détachement. Une grosse bouffée d’action et de plaisir à découvrir.
■ par Ben Wawe
Edison Crane
Edison Crane n’est pas comme les autres ; il est supérieur à tous les autres. Doté d’une mémoire au-delà de toute mesure, de capacités de concentration qui dépassent toute imagination, il est le prototype d’un nouveau genre d’Homo Sapiens. Il est un humain supérieur, capable de mener plusieurs projets de front, sans faillir. Comme jouer plusieurs parties d’échecs, préparer les calculs nécessaires pour empêcher le crash d’un astéroïde sur Terre, écrire une partition de musique et nourrir une conversation ; en même temps. Edison Crane erre dans le monde, à la tête d’une entreprise agissant pour le bien. Il cherche de nouveaux défis, aide les nécessiteux, réjouit les enfants en réussissant des cascades impossibles, réforme l’économie et accompagne ceux qui veulent changer de vie. Oh, et il lui arrive aussi de sauver le monde.
La Terre maléfique
Edison Crane est sollicité par Rachel Sparks, agente de la CIA. Celle-ci a connaissance d’un affreux complot global, initié depuis des siècles par la Confrérie du Dragon. L’origine de ce groupe remonte à Babylone, et prépare une véritable apocalypse. La Confrérie du Dragon est composée d’ultra-riches qui considèrent être au-dessus des lois, et fomentent une invasion venue d’une autre Terre, maléfique. Edison Crane et Rachel Sparks se lancent autour du monde pour retrouver des indices sur le complot, en essayant de survivre aux nombreuses menaces. Et en tentant, surtout, de découvrir ceux à qui il faut faire confiance.
Le héros parfait de Mark Millar
Le scénariste Mark Millar est une star des comics : son Civil War a fait date, ses Ultimates sont une des bases du Marvel Cinematic Universe, et les adaptations de ses œuvres sont des succès (Kick-Ass, Kingsman). Il a des tics d’écriture et de promotion qui peuvent être lassants, mais le lecteur sait qu’il part pour de sacrés tours de piste avec lui. L’auteur semble trouver en Edison Crane son héros « parfait ». Ce personnage super-intelligent, super-doué, super-fort, super-en-tout, doté d’un humour à froid et d’un sens du timing parfait, est idéal pour Mark Millar. Ce dernier peut pleinement s’amuser avec lui, en l’envoyant dans tout type de piège et en se creusant la tête pour l’en sortir.
Edison Crane, reflet de glorieux aînés
On voit en Edison Crane l’influence du cascadeur Evel Knievel, comme l’assume Mark Millar. Mais il y a aussi en lui du James Bond (la classe froide et efficace), du Sherlock Holmes (3 coups d’avance sur l’ennemi), et bien évidemment du Doc Savage. Ce personnage est actuellement méconnu, mais il est créé dans les magazines pulp et conserve de nombreux fans en Amérique. Clark Savage Jr est un médecin, aventurier, détective, inventeur, explorateur, musicien et sauveur du monde. Edison Crane s’inspire clairement de ce formidable touche-à-tout. Une nouvelle fois, Mark Millar s’inspire d’éléments antérieurs pour ses productions – afin d’en donner une version contemporaine, pleine de rebondissements.
Une aventure intense
Prodigy dispose d’une intrigue relativement simple, et déjà-vue. Mark Millar propose une histoire assez directe de course contre la mort, avec le principe d’une Terre parallèle maléfique, qui n’est pas en soi novateur. Ce n’est pas un défaut. Le lecteur s’embarque dans une accumulation d’événements et d’aventures complètement agréables. Edison Crane saute, se bat, lance des piques, réussit l’impossible ; encore et encore. Sa relation avec Rachel Sparks est très bonne et fluide, et le héros ne cesse d’éclabousser les pages de son charisme. L’intrigue dispose d’un « twist » final qui change la donne, même si on peut le voir venir ; là non plus, ce n’est pas gênant. Mark Millar nous emmène dans un grand huit impressionnant et épatant, où on ne peut relâcher l’album avant de l’avoir terminé. Une grosse dose d’adrénaline et de fun, qui fait du bien.
Un ensemble fluide et graphiquement réussi
Le scénariste s’amuse en écrivant, et ça se sent. Il dispose de quelques bonnes idées pour illustrer les capacités d’Edison Crane, comme cette « chambre cérébrale » où il peut « dialoguer » avec les différentes zones de son cerveau occupées à d’autres tâches. Cela rappelle les idées visuelles des récents films Sherlock Holmes avec Robert Downey Jr, où le héros se fait le film d’événements à venir pour les contrer. Mark Millar intègre ces influences pour servir son personnage et son récit. Le dessinateur Rafael Albuquerque illustre avec puissance cette saga. Le dessinateur d’American Vampire offre son style nerveux et dynamique pour donner une carrure immense à Edison Crane, et rendre les rebondissements crédibles. Le script est très adapté à son trait vif et intense. Une nouvelle fois, Mark Millar s’est choisi un bon compagnon de route pour une nouvelle production, où il intègre ses influences pour une saga de son temps. Netflix a une option pour l’adapter, et on ne peut qu’espérer une adaptation vu le potentiel d’action et de fun du personnage. ■
Prodigy : la Terre maléfique est un comics publié en France par Panini Comics. Il contient les épisodes US : Prodigy 1 à 6.