Prodigy : les héros trop infaillibles font-ils de bons personnages ?

Prodigy
(image © Image Comics)

Prodigy, la minisérie de Mark Millar et Rafael Albuquerque, s’annonçait prometteuse. Malheureusement, et en dépit des dessins, l’histoire développée dans Prodigy n’est pas vraiment à la hauteur. Et cela vient surtout des capacités de son héros et du côté action/espionnage un peu trop cliché.
■ par Doop

 

Prodigy
(image © Image Comics)

 

L’être humain le plus intelligent de l’univers

Edison Crane est l’être le plus intelligent du monde, et de très très loin. Mélange de Bruce Wayne, de Lex Luthor et de Reed Richards, il est à la tête d’une entreprise mondiale et gère des milliards de dollars. Capable de dissocier son esprit pour résoudre plusieurs problèmes en même temps, il ne peut s’empêcher de répondre à tous les défis qui lui sont proposés. Que ce soit franchir un canyon avec une moto en feu ou empêcher la collision prochaine de la terre avec un astéroïde géant. Ses envies d’aventure et d’action se voient fortement ravivées lorsque Rachel Straks, une jeune espionne de la CIA, lui propose de faire capoter un complot millénaire destiné à préparer une invasion d’extraterrestres venus d’une autre dimension. Une aventure qui va les mener aux 4 coins du monde, du Kremlin à des cités englouties en passant par le désert. L’esprit d’Edison Crane lui permettra-t-il d’éviter tous les pièges et toutes les menaces tendus par cette secte maléfique ? Vous le saurez en lisant ces 6 épisodes de Prodigy qui se réfèrent bien évidemment aux aventures de James Bond et d’Indiana Jones

 

Prodigy
(image © Image Comics)

 

Encore de la référence cinématographique

Citer Indiana Jones ou James Bond pour référence à Prodigy n’est pas anodin. On sait bien que le défaut de Mark Millar est avant tout de vouloir écrire des histoires facilement adaptables au cinéma ou à la télévision, et c’est bien évidemment le cas encore une fois. Et si cela passait quand même plutôt bien sur quelques-unes de ses œuvres précédentes, je trouve que depuis quelques temps le scénariste britannique retombe dans ses travers. À force de vouloir proposer des concepts basés sur des personnages et des situations, il en oublie l’essentiel : l’histoire. Je ne vous cache pas que, derrière Prodigy, se trouve en réalité une intrigue sans véritable surprise et en tout cas très superficielle. Aucune des situations qui sont décrites ici n’est originale. On a déjà vu ça mille fois dans les films, et à un moment, la référence constante et non avouée devient un peu pénible à accepter. On est loin par exemple, d’un hommage assumé à la Danger Girl.

 

Prodigy
(image © Image Comics)

 

Que faire quand un personnage est trop fort ?

Le souci avec Prodigy, c’est que Mark Millar nous propose un personnage trop fort pour n’importe quelle intrigue. Edison Crane a tellement de coups d’avance sur tout le monde qu’il est impossible de le surprendre. C’est en tout cas ce que nous démontre le scénariste sur les 4 ou 5 premiers épisodes. De fait, quand il est victime d’un retournement de situation ou d’un évènement imprévu, le lecteur n’y croit pas. Il se doute que tout a déjà été anticipé. Et cela enlève énormément d’intérêt à l’histoire. Si vous ajoutez à cela une secte et un méchant encore plus caricatural que ceux d’Austin Powers, vous obtenez un comics certes divertissant, mais sans un véritable intérêt, et surtout, sans âme. C’est agréable à lire, certes, cela fera sans nul doute une adaptation correcte en série, mais M. Millar n’est pas arrivé à donner quelques failles à son héros ou des aspérités à son intrigue. Rien à redire en revanche sur le travail impeccable, encore une fois, de Rafael Albuquerque. Ses planches sont un vrai plaisir pour les yeux. ■

Prodigy
(image © Image Comics)

Prodigy est un comics publié aux États-Unis par Image Comics.




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.