Love, Death & Robots : fallait-il vraiment ressusciter Métal Hurlant ? [avis]

(image © Netflix)

Quand j’ai lu sur la gestation de la série Love, Death & Robots diffusée sur Netflix, j’avais de bons espoirs envers elle. L’équipe de producteurs, composée entre autre, de David Fincher et Tim Miller m’a fait rêver. Mais c’est surtout la volonté de cette équipe de refaire apparaitre le phénomène Métal Hurlant à l’écran qui m’a allumé le plus. Malheureusement, la recette n’a pas fonctionné pour moi et mon feu s’est transformé en glace. Explications !
■ par Paperman

 

(image © Netflix)

 

Love, Death & Robots c’est le grand retour de Métal Hurlant. La volonté de l’équipe de réaliser de nouvelles aventures dans la continuité du célèbre magazine était louable et attendue par plusieurs fans de la 1re heure. Mais avant d’en parler davantage, il est important de revenir un peu sur l’histoire de Métal Hurlant, mais surtout du contexte de sa création, qui est en lien direct avec ma déception envers la série. Milieu des années 70, 4 créateurs se réunissent pour créer ce qui va devenir la maison d’édition Les Humanoïdes Associés. De cette création découle le magazine Métal Hurlant qui se veut un laboratoire d’idées pour un lectorat adulte ayant pour thèmes le fantastique, l’horreur mais principalement la science-fiction. Les 4 créateurs veulent aussi faire éclater le milieu de la BD qu’ils trouvent trop conservateur. L’arrivée de ce magazine chamboule à jamais le monde de la bande dessinée. C’est irrévérencieux, érotique, violent et j’en passe. Du jamais vu ! Des rebelles de la BD qui bouleverse l’ordre établi. Un changement qui est nécessaire pour porter la BD à un autre niveau mais surtout pour lui ouvrir un nouveau lectorat tout en la détachant de son image de livre pour enfants. Métal Hurlant a déjà inspiré 2 films soit : Heavy Metal sorti en 1981 et Heavy Metal 2000 sortie en 2000. Le projet Love, Death & Robots se veut être un troisième film à l’origine mais a été changé pour devenir une série inspirée de Métal Hurlant. Mais, ce qui était bien dans les années 70 ne l’est plus dans le contexte actuel et selon moi et c’est le principal défaut de cette série…

 

(image © Netflix)

 

Un magnifique contenant sans contenu.

La série Love, Death & Robots est une représentation fidèle et incroyable de ce qu’on retrouvait à l’époque dans Métal Hurlant. Les mêmes thèmes, le même style, les mêmes qualités mais qui deviennent des défauts en 2019. La science-fiction a énormément évoluée depuis le numéro 1 de Métal Hurlant. Elle est devenue un incontournable de la littérature, du cinéma et la télé. La SF se colle de plus en plus à la réalité et le monde qu’elle imaginait devient de plus en plus notre quotidien. Elle a dépassé, selon moi, les thèmes récurrents qu’on retrouvait dans Métal Hurlant. Ces histoires avec ces femmes nues, cette violence gratuite, ce ton sexiste et pervers étaient tolérés dans les années 70. En 2019 ces mêmes thèmes ne doivent plus prendre la place dominante dans la science-fiction d’aujourd’hui. Et c’est exactement cela que Love, Death & Robots fait. Cette série est cependant un immense laboratoire d’idées car chaque épisode est créé par une équipe d’animation différente avec une technique différente. Elle réussit à atteindre le même objectif que Métal Hurlant, permettre à de nouveaux talents de s’amuser. Elle se colle parfaitement au passé mais ne se tourne pas vers le futur, et c’est désolant.

 

(image © Netflix)

 

Une réussite visuelle magnifique mais un manque d’originalité flagrant

Comme je l’ai expliqué précédemment, la réalisation de chaque épisode est sublime. Les techniques d’animation sont originales et chaque équipe a réussi son coup pour cet aspect. La durée des épisodes aussi est bien pensée. De courts métrages, entre cinq et vingt minutes, qui sont intenses et qui ne laissent aucun temps mort! Mais tant j’ai aimé le côté visuel et le travail remarquable des équipes d’animation tant j’ai détesté les scénarios! Les histoires sont bancales et leur manque d’originalité est aberrant. Et que dire de certains dialogues qui sont d’une banalité absolue doublés d’un sens de l’humour douteux. J’ai terminé avec la nette impression d’avoir écouté une série écrite par des vieux geeks qui ont décidé de matérialiser leurs fantasmes sur l’écran. Love, Death & Robots est pour adultes, mais pour adultes des années 70 !

 

(image © Netflix)

 

Une série qui fait du tort à Métal Hurlant

Love, Death & Robots n’est pas une mauvaise série. Elle souffre d’une carence scénaristique évidente mais elle est d’un régal pour les yeux. Cependant elle véhicule des préjugés tenaces qui collent depuis des années à la culture populaire. Métal Hurlant a révolutionné le monde la BD, mais il l’a fait dans des années qui étaient propice à ce changement. Cette série ne révolutionne rien, elle est une résurrection de Métal Hurlant ; mais ce qui était bien en 70 est devenu dépassé en 2019. La science-fiction est rendue plus loin et elle mérite des séries comme Black Mirror, The Expanse mais certainement pas Love, Death & Robots. ■

(image © Netflix)

Love, Death & Robots est une série diffusée en France sur Netflix.