Liza the Fox-Fairy est la rencontre improbable entre Madame Bovary, Ally McBeal et Destination Finale. Un film qui surprend constamment sans jamais lasser. À découvrir que vous rêviez de voir une Amélie Poulain complètement déjantée, que vous aimiez la J-Pop des années 50 ou la polka, l’esthétique des films de Jacques Demy ou d’Histoire de Fantômes Chinois !
■ par JB
Veuve noire malgré elle, Liza ne peut trouver l’amour sans que ses prétendants trouvent la mort. Pourra-t-elle briser la malédiction de la fée renarde ? Réalisé en 2015 par le réalisateur hongrois Károly Ujj Mészáros, Liza, the Fox-Fairy, est un film fou, disponible sur la plateforme de streaming Outbuster.
Dans une Hongrie anachronique des années 70, Liza est une infirmière timide et un peu naïve qui, depuis des années, garde Márta, veuve de l’ambassadeur du Japon. Fascinée par la culture japonaise, Liza trompe sa solitude en s’imaginant un compagnon : Tomi Tani, chanteur japonais des années 50. Mais Tomi Tani n’est pas si imaginaire et provoque la mort de Márta. La police suspecte Liza et charge le sergent Zoltán de la surveiller. Les cadavres commencent alors à s’amonceler autour de Liza…
Un film inclassable
Difficile de définir le genre de Liza, The Fox-Fairy. Comédie romantique à l’humour noir, polar fantastique, uchronie teintée de mythes japonais ? Les 1res minutes donnent le ton. Un officier de police interroge Liza sur une série de morts improbables avant d’être interrompu par le narrateur, qui revient alors en arrière. La voix off présente Liza, Marta et Tomi Tani, mais ce dernier l’interrompt d’un rugissement menaçant lorsque le narrateur s’apprête à en dire trop. S’ensuit un numéro de danse hallucinatoire qui s’interrompt lorsque l’arrivée du titre renverse une chaise. Le reste du film surprend en permanence, qu’il s’agisse d’une virée dans l’espace, au Japon ou sur la banquise, d’une scène de sexe en ballon sauteur jusqu’au (véritable) générique final.
Des personnages plus décalés les uns que les autres
Les personnages de Liza, The Fox-Fairy sont eux-aussi hauts en couleurs. Liza, fascinée par un roman de gare japonais, revient encore et encore chercher l’amour idéal dans un pseudo McDonald lorsqu’elle ne danse pas avec son ami imaginaire. Elle reste attachante même lors de son relooking et sa robe en tissu de rideau. Zoltán, fraichement revenu de province, déambule dans son commissariat en sous vêtement et accumule les accidents mortels et les blessures en gardant un air blasé. Tomi Tani, muet lorsqu’il ne fait pas du play-back, tue sournoisement l’entourage de Liza en adoptant un visage des plus hypocrites en sa présence. Son interprète, David Sakurai, vous sera d’ailleurs familier si vous avez vu la 1re saison d’Iron Fist : il s’agit du tueur fan de karaoké ! Je pense aussi au Commissaire incapable de finir un proverbe ; à Károly, l’homme adepte de plats incongrus, à Ludviq, l’homme de tous les placards ; à ce tueur traînant sa fille partout où il va ; ou à Henrik, chaud lapin invétéré restant muet devant les délires de Liza.
Une réalisation constamment surprenante
Le réalisateur de Liza, The Fox-Fairy détourne tous les artifices cinématographiques pour faire rire. J’ai déjà évoqué le générique qui interagit avec le décor. Lors de l’interrogatoire, alors que l’héroïne est de dos, une transformation est suggérée à coup de bruitages que l’on trouve souvent dans les films asiatiques. Lorsque la caméra se retourne, le spectateur découvre qu’une machine à café HS était à l’origine de ces bruits. Zoltán nous fait un lip-synch de sa musique héroïque lorsqu’il arrive pour sauver Liza ou en se relevant d’une chute. Sa course vers la chambre de Liza montre d’ailleurs un côté nanar totalement assumé. Tomi Tani, psychopompe, alterne les transformations en reine de beauté ou en poisson, toujours affublé de la même paire de lunettes. Un 1er générique de fin se lance avant d’être interrompu par le narrateur insatisfait de cette conclusion. Le happy end final est enfin contrebalancé par une dernière phrase menaçante. Enfin, à une chanson pop japonaise entendue tout le long du film, le film substitue une polka tout aussi obsédante.
Un scénario plus subtil qu’en apparence
Le scénario de Liza, The Fox-Fairy n’est pas pour autant négligé. Au revisionnage, chaque élément de l’intrigue est introduit par un détail. Un homme qui débarque par l’odeur alléchée par un plat de Liza est présenté par un dialogue plusieurs scènes en amont. Les patrons du 2nd prétendant sont vus en couple au restaurant bien avant son introduction. Une autre victime est visible dans une publicité avant de croiser notre héroïne. Malgré une intrigue apparemment foutraque, le scénario reste parfaitement solide. ■
Liza, The Fox-Fairy est disponible sur la plateforme de VOD française Outbuster.