L’inconnu. l’inconnu, c’est ces choses que nous ne savons pas ne pas savoir. Ce lieu que j’ignore que j’ignore. Il arrive que certaine personne ait le don de vous guider dans ce lieu et vous faire découvrir des trucs complètement fous, c’est ce qui m’est arrivé avec la bande-dessinée Le Dernier Atlas ! Un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) qui m’a été proposé en service de presse par « La Boîte de diffusion » et j’ai adoré. Explications !
■ par Paperman (du podcast des crinqués)
Bande-dessinée publiée à l’origine sous la forme de 10 fascicules, ici, j’ai la version intégrale publiée aux éditions Dupuis. Prévue en 3 tomes, le 1er est une belle brique de 226 pages qui se termine par une postface qui éclaircit le contexte de la BD. Le Dernier Atlas est scénarisé par Fabien Vehlmann et Gwen De Bonneval. Hervé Tanquerelle est aux dessins aidé par Fred Blanchard au Design. C’est Laurence Croix qui s’est chargée des couleurs. Il m’est difficile de définir le style de Le Dernier Atlas car cette BD va un peu partout ! Elle commence comme un roman noir avec cette introduction tout en douceur du personnage principal Ismaël Tayeb, petit malfrat mafieux. Elle bifurque vers des questions climatiques avec le personnage de Françoise Halfort, journaliste en quête d’histoires. S’aventure dans la science-fiction avec le Georges-Sand, immense robot qui pourrit dans un vieux chantier. Effleure le surnaturel avec ces phénomènes animaliers étranges. Tout ça dans une uchronie géopolitique qui revoit la guerre d’Algérie. Bref, une mosaïque de styles bien amalgamée par les scénaristes.
Le Dernier Atlas, une BD qui prend son temps
Le scénario complexe pensé par les scénaristes est très bien développé. Les 2 auteurs prennent le temps de bien placer chaque élément, personnage, action. On sent bien le côté feuilleton de leur histoire. Le Dernier Atlas est séparé en 10 parties qui se terminent toutes avec un punch qui fait monter l’intérêt du lecteur de page en page. C’est comme un train qui prend tranquillement son élan, il accélère petit à petit pour arriver à sa vitesse de croisière et la dépasser à la fin. C’est exactement ce que j’ai ressenti lors de ma lecture. Cette histoire est haletante, elle change de direction au cours de la BD pour dévoiler une partie de sa finalité mais sans jamais trop en révéler. Elle est remplie de rebondissements, d’intrigues diverses qui forment un tout cohérent. C’est très addictif et quasiment impossible de ne pas lire ces 226 pages d’un seul coup.
Une uchronie forte intéressante
Revoir la guerre d’Algérie sous une autre finalité, pari audacieux s’il en est un de parler de cette période taboue de l’histoire de la France. Période que je ne connais pas énormément et la question de la nationalité m’a fait penser que Le Dernier Atlas aura certainement un impact différent chez mes amis français et algériens car ils sont beaucoup plus au fait de leur histoire que moi, le québécois. Par contre, cela ne m’a causé aucun problème de lecture et la postface à la fin explique bien le contexte de l’histoire. Nous sommes donc en 2018, Ismaël Tayed, petit escroc est fortement mandaté par son patron, un genre de parrain mafieux, à trouver une pile nucléaire pour revendre à des terroristes. Parallèlement, la journaliste Françoise Halfort enquête sur des phénomènes étranges qui se déroulent dans le désert maghrébin. Ismaël aura comme idée de voler la pile nucléaire du dernier Atlas, le George-Sand, robot oublié d’une période également oubliée où ces Atlas étaient populaires et présent dans la société. Pour la suite, il vous faudra la lire !
Un univers graphique riche appuyé par des couleurs sublimes.
Dans Le Dernier Atlas, Hervé Tanquerelle nous propose un dessin semi-réaliste de très grande qualité. Ses personnages sont criants de réalisme. Des gens imparfaits physiquement mais qui dégagent un charisme fou. Les décors sont parfois minimalistes mais c’est voulu je crois, pour ne pas distraire le lecteur. Mais ces mêmes décors, quand ils sont présents sont sublimes et parfaitement représentés par l’artiste. Sa mise en scène est bien, la lecture est facile et cohérente et le lecteur ne s’y perd pas. Mais là où l’artiste nous éclate la rétine dans Le Dernier Atlas, c’est quand nous voyons ce fameux Atlas George-Sand. Un mélange du Géant de fer et des titans de Warhammer 40000, sublime robot des temps anciens. Laurence Croix nous offre des couleurs très terres, foncées. Elle joue magnifiquement bien avec la lumière lors des scènes désertiques et des ombres lors de celles du chantier où se cache l’Atlas.
Un OLNI qui fera du bruit
Il ne fait aucun doute dans ma tête que Le Dernier Atlas de Fabien Vehlmann, Gwen De Bonneval, Hervé Tanquerelle et Laurence Croix fera sa place dans les meilleures BD de cette année. Pour ce brillant mélange de styles. Pour cette uchronie sur la guerre d’Algérie qui n’est pas banale. Pour sa cohérence scénaristique et son graphisme parfait. Nous avons ici une BD où l’équilibre entre le dessin et le scénario est atteint. C’est pour moi un immense coup de cœur en ce début d’été. ■