Isola : version moderne du mythe d’Orphée [avis]

(image © Image Comics)

Avec Isola, Brenden Fletcher, Karl Kerschl et Msassyk nous livrent un récit de fantasy original, inspiré d’anciens mythes, où la narration s’appuie beaucoup sur sa mise en images.
■ par Mad Monkey

 

En lisant Isola, on suit la quête de Rook pour soigner sa reine. En effet cette dernière a été changée en tigre. Or rugir et cracher des boules de poils ce n’est pas exactement ce qu’il y a de plus pratique pour diriger un pays. Surtout quand la situation avec les territoires voisins devient tendue. Malheureusement, seule Rook a assisté à la transformation de la souveraine. Il y a donc une forte probabilité pour que l’on accuse la guerrière d’être responsable de la disparition de la reine. Mais aussi que cette dernière se fasse abattre en étant prise pour un fauve des plus commun. Les voilà donc désormais toutes 2 seules à devoir traverser une forêt sauvage. Car la soldate cherche à atteindre la terre des morts, la mythique Isola, où elle croit pouvoir trouver le moyen de ramener la reine Olwyn à son ancienne vie…

 

(image © Image Comics)

 

Un récit de fantasy inspiré par la mythologie

Isola est donc un peu une version modernisée du mythe d’Orphée et Eurydice. D’ailleurs, tout comme les héros de la mythologie, Rook et Olwynn sont incapables de communiquer. Même si dans Isola c’est en raison de la nouvelle condition de la reine et non à cause d’un interdit divin. Et cette situation n’est pas sans peser sur les nerfs de Rook. D’autant plus que la pauvre est assaillie par d’inquiétantes visions que semble lui infliger un renard surnaturel.

 

(image © Image Comics)

 

Un monde de magie

D’ailleurs, bien que la terre des morts soit pour le moment hors d’atteinte, la magie est déjà bien présente dans cette histoire comme dans tout bon récit de sword and sorcery qui se respecte. Il y a bien entendu la métamorphose infligée à Olwynn et les visions de Rook. Mais le surnaturel semble aussi faire partie du quotidien de certains peuples rencontrés pendant le voyage. Des peuples aux pratiques étranges pour les héroïnes, mais aussi, et surtout, pour le lecteur.

 

(image © Image Comics)

Plongé dans l’action

En effet les auteurs nous jettent dans Isola sans préparation ni filet. Pas de longs discours ou d’encarts explicatifs nous présentant le fonctionnement de cet univers. Univers que l’on devine pourtant assez riche. Et ce pour la simple raison que ce que rencontre le duo ne lui est pas complètement inconnu. En conséquence Rook ne se lance pas dans de longs discours explicatifs à l’attention d’Olwynn (et au lecteur à travers elle). De même, lorsque des personnages s’entretiennent dans une langue étrangère l’échange ne nous est pas traduit. Quand l’héroïne ne comprend pas ce qui se dit alors il en va de même pour nous.

 

(image © Image Comics)

 

Une narration très graphique

Ce choix d’écriture dans Isola augmente notre immersion dans le récit, en plus de nous faire partager la perte de repères que peut éprouver Rook. Mais ça a aussi pour effet de laisser le lecteur avec plus de questions que de réponses. Pour apprécier Isola, il faut donc accepter d’être face à un récit où les vrais échanges sont rares. Un récit où tout ne nous sera pas expliqué et où l’on risque d’être parfois un peu perdu. Dans ce type d’histoire, peut-être plus qu’ailleurs, le graphisme fait partie intégrante de la narration. Le dessinateur ne se limitant pas à « illustrer des dialogues ». Ici énormément d’informations passent par le langage corporel, les regards, le découpage des planches, etc. Bref, tout passe par la mise en scène. La page introduisant Rook et Olwynn constitue d’ailleurs un parfait exemple de cette démarche puisque sans un mot elle nous fait comprendre une bonne part de la relation liant les 2 personnages. Cette importance de la grammaire visuelle du récit on la doit bien entendu à Karl Kerschl qui a coécrit le scénario en plus de le mettre en image. Mais il ne faut pas oublier les couleurs de Michele Assarasakorn, alias Msassyk, qui permettent à l’ensemble de fonctionner. En plus d’offrir à ce comicbook un certain cachet. Franchement une tigresse noire à rayures turquoise, ça a tout de suite un certain style, non ? ■

(image © Image Comics, Urban Comics)

Isola est édité en France par Urban comics. C’est un recueil de 168 pages contenant les numéros 1 à 5 de la série originalement publiée par Image Comics, ainsi que l’intégrale des épisodes de 2 pages publiées en back-up de la série Motor Crush entre décembre 2016 et avril 2017. Ce récit est écrit par Brenden Fletcher et Kaarl Kerschl. La partie graphique est quant à elle assurée par Karl Ferschl et Michele Assaraskorn alias Msassyk.