
Noir, c’est noir
L’introduction de Green Arrow : The Longbow Hunters évoque une ambiance à la Michael Mann (Le Sixième Sens, Deux flic à Miami), très années 80. Effectivement, la 1re partie de Longbow Hunters m’a beaucoup rappelé les séries de cette période. Si vous avez l’occasion, regardez le générique de la série Equalizer : chaque recoin de la ville semble cacher un tueur ou un violeur en puissance. C’est également l’ère des justiciers urbains, avec les innombrables suites du Justicier dans la Ville. Dans ces histoires comme dans le récit de Mike Grell, les causes sont les mêmes : le traumatisme du Viêt-Nam, les ravages de la drogue, un gouvernement corrompu représenté par les malversations de la CIA. Ailleurs, un flic évoque une baisse de la prostitution comme conséquence positive des meurtres de prostituées, une « bénédiction » dans le contexte de l’essor du SIDA. Enfin, les actions des héros paraissent également futiles. En effet, les véritables instigateurs s’en sortent et les criminels neutralisés sont remplacés par d’autres. Mais la noirceur de Green Arrow : The Longbow Hunters atteint son apogée lorsque l’on découvre le supplice de Dinah Lance, torturée par les trafiquants de drogues. Une horreur qui permet de justifier le geste d’Oliver Queen.

Dinah au frigo ?
Connaissez-vous l’expression « Women in refrigerators » ? Elle vient de Gail Simone, future auteure de Birds of Prey. Aujourd’hui galvaudée et utilisée à tort et à travers, cette phrase désigne les personnages féminins tuées ou torturées pour faire évoluer un personnage masculin. Est-ce le cas ici pour Black Canary ? La réponse est complexe. Dans la postface, Mike Gold, responsable éditorial, évoque des plans pour l’héroïne. DC avait prévu de la priver de ses pouvoirs afin qu’elle se reconstruise et prenne fait et cause pour les victimes de violences. La mini-série prévue n’est pas parue. Cependant, la série régulière Green Arrow qui a suivi The Longbow Hunters explore le traumatisme de Dinah Lance. Elle va également inverser les rôles en mettant Green Arrow en position de victime et Black Canary dans celle du protagoniste forcé de tuer. En revanche, Black Canary n’a pas droit à la parole dans The Longbow Hunters. Si elle a quelques scènes intimes avec Oliver Queen, elle n’apparaît que fugitivement avant sa torture et son séjour à l’hôpital. De plus, le récit n’adopte jamais son point de vue, alors qu’il retranscrit les pensées de la plupart des autres personnages, y compris celles des victimes du prédateur. Dans ce seul récit, Dinah Lance n’est là que pour expliquer comment Oliver Queen devient un tueur. (suite de l’article page suivante)
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