Depuis de longues années, la Première Famille de l’univers Marvel a totalement disparu des radars. La revoilà avec une équipe de 1er plan : Dan Slott et Sara Pichelli. Malheureusement, et après un 1er épisode qui pouvait laisser espérer de bons moments, la série s’enlise rapidement dans une histoire confuse et sans émotion. La partie graphique laisse aussi énormément à désirer.
■ par Doop
Est-ce une bonne idée de confier les FF à Dan Slott ? Je suis toujours assez mitigé sur le travail de Dan Slott. En effet, j’ai découvert cet auteur il y a très très longtemps, sur une mini-série Batman appelée Les Patients d’Arkham et son histoire m’avait totalement bluffé ! Je l’ai retrouvé des années plus tard sur Miss Hulk et ses 12 ou 15 premiers numéros font partie de ce que j’ai pu lire de mieux sur notre Géante de jade. Cela ne souffrait pas de la comparaison avec le traitement de John Byrne. En revanche, dès son arrivée sur Spider-Man, j’ai déchanté. Blagues faciles, histoires sans intérêt. En dehors de son Spider-Man Supérieur, je n’ai pas adhéré du tout, au point de laisser tomber la série après une trentaine d’années de lecture. J’ai retrouvé le Dan Slott que j’apprécie sur Silver Surfer et d’après les rumeurs, il est plutôt bon sur Iron Man. Lui confier le scénario de l’équipe la plus symbolique de l’univers Marvel pouvait sembler un bon choix. Le cosmique semble bien lui réussir ! Et puis surtout, quels scénaristes emblématiques reste-t-il chez Marvel en dehors de lui et de Jason Aaron ? J’attendais donc de voir le résultat avec impatience, surtout que l’offre d’appel (10 € pour le tome 1) est intéressante. Et si cela part plutôt bien, on s’ennuie trop rapidement à partir du quart du bouquin.
Un 1er épisode qui fixe les (bonnes) bases
J’ai vraiment aimé le 1er épisode de ce relaunch des Fantastic Four. Il s’intéresse à l’absence de Reed et de toute sa famille, vue par les yeux de Johnny et de Ben. Les 2 n’ont en effet pas du tout le même état d’esprit concernant ce qui est arrivé à leurs anciens équipiers. Si l’un espère à longueur de journée leur retour, l’autre les souhaite morts et enterrés, certainement pour ne pas avoir à souffrir inutilement. J’ai trouvé le traitement du scénariste plutôt fin sur cet aspect-là. De plus, il joue avec les espoirs du lecteur, ne réunissant pas tout de suite l’équipe. Cela peut donner, certes, un aspect assez décompressé mais au moins cela maintient le suspense. On sent bien que Dan Slott veut retrouver un esprit de famille dans cette nouvelle version des Fantastic Four et il s’y prend plutôt bien. Tout du moins au départ. Parce que dès que Reed et Susan font leur apparition, l’intérêt diminue drastiquement.
Une suite qui nous fait déchanter
Et pourtant, on peut y croire. Voir Susan, Reed, Valeria et Franklin évoluer dans des dimensions parallèles avec le casting haut en couleur de la Fondation du Futur m’a rapidement rappelé à quel point Dan Slott est bon dans ce genre d’histoire. En revanche, il lui manque la poésie des dessins de Mike Allred. Mais on reparlera de la partie graphique un peu plus bas. Nos héros font face à une menace qui risque de détruire tout le multivers et Reed n’a donc pas d’autre choix que d’appeler à la rescousse non pas Johnny et Ben, mais TOUS les membres d’un jour des Fantastic Four. Si l’idée et rappelle le 1er épisode des Avengers période Heroes Return, on est toutefois bien loin de la réussite de celui-ci. En effet, lors de cette bataille qui dure un peu trop longtemps, Dan Slott se perd totalement, n’arrivant pas à donner de l’émotion à la réunion du quatuor, traitant de plus les autres personnages de manière totalement superficielle et parfois incohérente avec la continuité. Comme pour éviter le sujet, Dan Slott en fait une punchline, pensant que ça allait faire passer la pilule. Cela ne fait qu’amplifier le malaise et la facilité de l’histoire. Je parle ici de la présence de personnages n’étant plus dans la continuité ou bien qui ont laissé la place à d’autres, comme le véritable Ghost Rider. De fait, tout devient facile et creux.
Et ça ne s’améliore pas
Et c’est encore pire lorsque nos héros reviennent sur Terre, avec une histoire moisie qui tourne le principe de base de la série Thunderbolts un peu en ridicule. Nos héros apprennent lors de leur retour qu’ils ont été remplacés par d’autres, qui ressemblent un peu aux Vengeurs des Grands Lacs mais qui ont été créés pour l’occasion. Alors que Dan Slott avait particulièrement brillé sur ce type de personnages, le voici qui persiste dans la superficialité, résolvant une intrigue assez creuse en quelques pages. Le dernier épisode se lit donc en lecture automatique. Il se veut un peu plus léger mais on ne rit jamais. On ne sourit pas non plus.
Une partie graphique bancale
Sincèrement, ce qui laisse à mon sens le plus à désirer dans ce volume des Fantastic Four, c’est avant tout la partie graphique. Sara Pichelli est une excellente artiste, certes, mais pas de quoi me faire grimper au plafond. Son style est tellement passe partout qu’on ne voit même pas la différence lorsqu’elle est suppléé au bout de 2 épisodes par les très banals Nico Leon et Stefano Caselli. Même ce dernier a gommé son style particulier pour se fondre dans le moule Marvel, à savoir des planches loin d’être ratées, mais sans aucune originalité. Je ne me suis absolument pas retrouvé dans les dessins, aussi quelconques que l’histoire proposée. De plus, il y a quand-même quelques choix graphiques assez bizarres, comme le changement d’apparence de la Chose, devenu beaucoup plus « lisse » et moins détaillé, comme si les dessinateurs n’avaient pas envie de passer du temps sur les traits de Ben Grimm. Je n’apprécie pas non plus la barbe de Reed, qui le fait ressembler à Tony Stark ou à Stephen Strange, bref, à tous les héros intelligents de la franchise. Pour un retour, c’est vraiment très peu ambitieux. Le Fantastic Four de Dan Slott, qui s’avérait pourtant prometteur, fait pâle figure en comparaison des runs de Scott Lobdell et Alan Davis (qui avaient pour le coup réussi à redéfinir les caractéristiques de l’équipe en à peine 2 épisodes), de Mark Waid et Mike Wieringo, voire même de James Robinson et Kirk. Pas la peine de nous faire attendre aussi longtemps pour ça. C’est vraiment dommage. ■
Fantastic Four, tome 1 est un comics publié en France chez Panini Comics.