Autant le dire tout de suite : je fais partie de ceux qui n’ont pas aimé le film Deadpool & Wolverine. Mais alors pas du tout. Au point que j’attendais un peu de ce comics qu’il me réconcilie avec ce duo improbable. Avec Deadpool & Wolverine : WWIII, Joe Kelly et Adam Kubert livrent une mini-série en trois actes qui ne se contente pas de capitaliser sur deux des personnages les plus emblématiques de l’univers Marvel. Elle a dépassé mes attentes, mélangeant une violence cathartique, des dialogues savoureux et des moments d’introspection rares mais bien vus. Voici un comics qui jongle avec le chaos et l’émotion, tout en explorant la dynamique explosive et complexe entre ces deux « héros » que tout oppose.
La tension palpable entre absurdité et gravité
Le cœur de cette mini-série réside dans l’alchimie entre Deadpool et Wolverine. Wade Wilson apporte évidemment son humour déjanté et sa tendance à briser le quatrième mur, tandis que Logan, fidèle à lui-même, incarne le stoïcisme brut et tourmenté. Ensemble, ils forment un duo improbable… mais captivant. La série ne se limite pas à quelques punchlines et coups de griffes – elle évoque les thèmes de l’identité, de la rédemption et du combat intérieur, tout en maintenant un rythme effréné.
Joe Kelly exploite bien les oppositions entre ses personnages. Wolverine, hanté par son passé de bête sauvage, cherche désespérément à être meilleur, alors que Deadpool lutte avec ses propres incertitudes, son cynisme masquant une réelle douleur. Leur relation se déploie au fil des pages, oscillant entre affrontements violents et moments de vulnérabilité, offrant une profondeur inattendue dans une série qui pourrait facilement se contenter d’être un simple défouloir bête et méchant.
Une narration audacieuse et des visuels percutants
Dès la première page, Deadpool & Wolverine : WWIII vous attrape par le col et ne vous lâche plus. Kelly et Kubert s’amusent avec la structure narrative, notamment à travers des prologues étonnants et des scènes de combat chorégraphiées avec une précision quasi cinématographique. Adam Kubert s’assure que chaque page est une réussite visuelle, alternant entre les rouges sanglants de la rage et les blancs glacés de la contemplation. L’art capture à la fois la brutalité et la poésie inhérentes à cette histoire. Il faut dire qu’Adam Kubert pratique Wolverine depuis quelques décennies…
Les moments de calme – comme une scène autour d’un feu de camp où Deadpool baisse enfin le masque (littéralement et métaphoriquement) – sont aussi mémorables que les batailles titanesques contre Delta, l’antagoniste manipulateur et mystérieux. Ce mélange de fureur et de fragilité fait toute la force de la série.
Des imperfections ? Oui, mais maîtrisées
Deadpool & Wolverine : WWIII n’est pas exempt de défauts. Les méchants, bien que réussis visuellement, manquent de profondeur et leurs motivations restent floues jusqu’à la fin. Certains lecteurs pourraient également être frustrés par les détours narratifs ou les mystères qui mettent du temps à se dévoiler. Mais ces failles sont contrebalancées par le charisme indéniable des deux protagonistes et la qualité exceptionnelle des dialogues et de l’action.
Conclusion : une mini-série qui marque
Deadpool & Wolverine : WWIII n’est pas simplement une histoire de super-héros qui défoncent tout. C’est aussi, et toute proportion gardée, une exploration de la relation entre deux âmes brisées, racontée avec un sens certain de l’humour, de la tragédie et du spectacle. Si vous cherchez une œuvre qui mêle réflexion et pur chaos, cette série est une lecture incontournable. Joe Kelly et Adam Kubert prouvent que griffes d’adamantium et blagues borderline peuvent faire bon ménage.
Deadpool & Wolverine : WWIII est un comics de 104 pages publié chez Panini Comics. Il contient les épisodes VO : Deadpool & Wolverine : WWIII (2024) 1 à 3.