Shadowland : le combat qui a tout changé

Depuis des années, les affrontements entre Daredevil et Bullseye obéissaient à une sorte de rituel. Peu importe la brutalité du combat ou l’issue du duel, il y avait toujours un équilibre, une mécanique bien rodée que les lecteurs avaient appris à anticiper. Mais Shadowland est venu briser ce schéma d’un coup sec.
Tout s’est construit progressivement, à travers Daredevil #100, Dark Reign: The List – Daredevil et les premiers chapitres du run d’Andy Diggle. Et quand l’histoire éclate enfin, Matt Murdock est au plus bas, et vu son passif, c’est pas peu dire. Fraîchement évadé d’un transfert de prison, Bullseye retourne sur les lieux du carnage qu’il a lui-même orchestré, prêt à en découdre. Il massacre une poignée de ninjas de la Main avant de foncer sur son vieil ennemi, mais cette fois, la danse n’a plus rien d’élégant. Le Daredevil qui l’attend n’a plus rien d’un justicier. Il n’a plus rien à prouver, plus de ligne à ne pas franchir. Et dans un écho glaçant à la mort d’Elektra, c’est avec le propre saï de Bullseye qu’il l’achève, brisant à jamais l’équilibre de leur rivalité.
Bullseye s’en est pris à Black Widow

À une époque, Black Widow et Daredevil, c’était du sérieux. Leur duo était tellement mis en avant que les numéros #92 à #107 de Daredevil étaient officiellement vendus comme une team-up, et un projet de série TV était même en préparation. Avec une telle proximité et la manie de Bullseye de s’attaquer aux proches de Matt Murdock, il fallait bien que Natasha finisse dans son viseur un jour ou l’autre.
Et ça n’a pas loupé. Dans l’un des premiers numéros de Daredevil illustrés par Frank Miller, Bullseye tente un coup de maître : enlever Black Widow pour briser Daredevil. Il l’embarque avec quelques sbires jusqu’à Coney Island, histoire de refaire le coup du cirque, mais en plus glauque. Et là, nouvelle baston entre lui et Daredevil. Sauf que cette fois, quelque chose cloche. Bullseye est plus agité que d’habitude, limite incontrôlable. Et quand il se fait démolir par Matt, il ne se contente pas de perdre : il craque complètement. Un avant-goût de la spirale de folie dans laquelle Miller allait l’entraîner bien plus tard.
Une pépite méconnue cachait un combat sous-estimé

Daredevil #500 est un numéro historique, un véritable tournant pour le justicier de Hell’s Kitchen. Pas seulement parce qu’il célèbre son 500ᵉ numéro, mais aussi parce qu’il marque la fin du run acclamé d’Ed Brubaker, le début de Shadowland, et inclut la réédition de Daredevil #191 (Roulette, un des récits les plus marquants de l’histoire du personnage). Et au milieu de tout ça, une histoire bonus de haut vol signée par un duo d’exception.
Ann Nocenti et David Aja livrent une courte histoire magistrale, portée par la plume poétique de l’une et la mise en page impeccable de l’autre. Tout commence par une confrontation entre Daredevil et Bullseye dans une fête foraine abandonnée. Matt chute violemment, se fait lacérer par ce qui semble être des cartes de jeu tranchantes lancées par son ennemi, puis perd connaissance avant d’être secouru par un boxeur raté et une gamine paumée. Mais la vraie claque arrive à la fin de l’histoire : ce que Bullseye lui a balancé n’était pas des cartes, mais des fragments de sa vie (photos, coupures de journaux, affiches de son passé en tant que Matt Murdock). Un coup porté droit au cœur, mais dont Daredevil est sauvé in extremis… par la gamine en question. [POUR LIRE LA SUITE, CLIQUEZ SUR LA PAGE SUIVANTE]