Creature Commandos : une fable trash et émouvante qui prouve que le DCU est entre de bonnes mains

Creature Commandos critique
Temps de lecture estimée : 4 min.

On l’attendait, ce coup de neuf dans l’univers DC sur petit et grand écran. Mais soyons honnêtes, qui aurait parié que ça commencerait avec une série animée sur une bande de monstres marginaux ? Et pourtant, James Gunn frappe fort avec Creature Commandos, une entrée explosive et étrangement touchante dans son nouveau DCU. Un mélange improbable de gore, d’humour potache, et de tragédies déchirantes qui rappelle que les héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

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Du gore, des larmes et des monstres au grand cœur

James Gunn a une signature : les marginaux. Après Les Gardiens de la Galaxie et Suicide Squad, il remet le couvert avec une équipe improbable : Rick Flag Sr., un vétéran bourru et mystérieux ; la Fiancée de Frankenstein, une version badass du personnage de la Hammer ; G.I. Robot, un androïde qui bute des nazis depuis les années 40 ; Nina Mazursky, mi-femme, mi-créature du Lagon Noir ; Dr Phosphorous, un squelette radioactif en blouse de labo ; et Weasel, une espèce de créature à mi-chemin entre un diable de Tasmanie et un chien errant au cœur d’or.

Ces monstres, enfermés dans une prison pour « freaks » et manipulés par Amanda Waller (Viola Davis, toujours), n’ont plus rien à perdre. Et c’est précisément là que réside leur force. James Gunn creuse leurs passés tragiques avec une telle finesse qu’on se surprend à pleurer pour un homme-poisson ou un cadavre ambulant. Oui, Creature Commandos est trash, mais sous le sang et les punchlines, il y a un cœur qui bat.

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Une animation old-school et un humour décomplexé

Côté visuel, la série rend hommage à Batman : The Animated Series avec un style qui mêle nostalgie et modernité. L’animation, signée par le studio français Bobbypills, excelle dans les scènes d’action : les explosions, les membres arrachés, et les combats chorégraphiés sont un véritable régal pour les amateurs d’adrénaline.

Mais là où James Gunn innove, c’est dans le ton. L’humour est cru, décomplexé, et loin des standards familiaux auxquels on pourrait s’attendre d’une adaptation DC. Entre des dialogues volontairement absurdes et des scènes qui flirtent plus ou moins avec le contenu pour adultes (gore, sexe), Creature Commandos assume son côté « R-rated » et en fait un véritable atout.

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Des personnages inoubliables (mais pas tous bien utilisés)

Parmi les membres de l’équipe, certains brillent plus que d’autres. La Fiancée de Frankenstein, avec son mélange d’acrobaties et de répliques cinglantes, s’impose rapidement comme un pilier du groupe. Eric Frankenstein, quant à lui, est hilarant dans son rôle de philosophe mélancolique en quête d’un amour perdu. Mention spéciale à Weasel, qui, derrière ses airs de mascotte déglinguée, cache une profondeur inattendue.

En revanche, d’autres personnages, comme Rick Flag Sr. ou John Economos, sont sous-exploités. On peine à comprendre ce que Waller voit en Flag, tant son développement est survolé. Et John Economos, malgré quelques moments drôles, reste relégué à un rôle très secondaire. Espérons que ces lacunes seront corrigées dans une éventuelle saison 2.

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Une intrigue secondaire, mais des émotions primaires

Si les origines des personnages sont intéressantes, l’intrigue principale, elle, peine plus à convaincre. Les missions de l’équipe, bien que divertissantes, semblent surtout servir de prétexte pour explorer le passé des Commandos. Résultat : l’histoire principale manque parfois de substance et de liant.

Cependant, là où la série excelle, c’est dans sa capacité à faire ressentir des émotions. Que ce soit à travers les dilemmes moraux de ses personnages ou des moments de pure humanité, Creature Commandos réussit à toucher juste. La deuxième partie de la saison, en particulier, est un véritable ascenseur émotionnel, et il est difficile de rester insensible devant les sacrifices et les espoirs de ces monstres marginaux.

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Un début prometteur pour le nouveau DCU

Avec seulement 7 épisodes de 22 minutes, la série Creature Commandos se regarde rapidement. Presque trop. On en ressort un peu frustré, en redemandant, mais aussi convaincu : James Gunn sait ce qu’il fait. En démarrant son nouvel univers du DCU avec un projet aussi atypique, il montre qu’il est prêt à prendre des risques et à sortir des sentiers battus.

Oui, Creature Commandos a ses défauts : une intrigue un poil faible, certains personnages sous-utilisés, et une fin abrupte. Mais ces faiblesses sont largement compensées par son humour irrévérencieux (ce double doigt d’honneur de Phosphorus !), ses visuels et sa bande-son percutants, et ses personnages qui débordent de vie. Si cette série est le point de départ du nouveau DCU, alors Superman, même plus rapide qu’une balle, peut bien prendre son temps. Nous, on est prêts pour la suite.

Creature Commandos

Creature Commandos, saison 1 est actuellement disponible sur la plateforme de streaming Max.




A propos Stéphane 633 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.