Chase : découvrez cette héroïne DC oubliée, étonnante Jessica Jones avant l’heure ! [avis]

(image © DC Comics)

À la fin des années 90, après Heure Zéro et une nouvelle refonte de son univers, DC Comics lance un panel de séries innovantes par de jeunes créateurs (Damage, Starman). Chase arrive quelques années plus tard et ne connait pas le succès, mais la série reste pour moi l’un des fleurons de cette nouvelle vague de personnages. Chase voit aussi débuter J.H. Williams III, un des plus grands dessinateurs comics du moment. Retour sur ce comics dont plusieurs intrigues sont désormais directement exploitées à la télévision.
■par Doop

 

 

Qui est Cameron Chase ?

Cameron Chase est une ancienne détective privée, qui a la particularité de détester cordialement les superhéros (et on comprendra pourquoi au fil des épisodes). Elle apparait de manière un peu forcée dans un épisode de Batman par Doug Moench et Kelley Jones (le dessinateur n’étant pas à l’aise avec le personnage de Clayface). Elle est engagée au sein du D.E.O (Department of Extranormal Operations), une sorte d’agence gouvernementale chargé de surveiller les méta-humains (et parfois d’intervenir lors de certains conflits). Dirigée par le mystérieux M. Bones (tout droit tiré des pages d’Infinity Inc), c’est un travail de rêve pour Cameron Chase, qui rêve depuis toujours de mettre des surhommes en cage ! Malheureusement, un évènement important va lui faire relativiser ses opinions concernant les super-héros…

 

 

Jessica Jones a tout piqué à Cameron Chase !

Chase est écrit par Dan Curtis Johnson, un scénariste débutant qui ne poursuivra pas dans cette voie. Pourtant, Chase fait preuve d’un réalisme et d’une maturité dans l’écriture qui défie toute concurrence. Le 1er point fort : le personnage. Cameron Chase est le prototype de toutes les femmes un peu fortes qui vont débarquer au début des années 2000. Elle fume comme un pompier, vit dans un appartement minable avec son petit ami qui ne la comprend pas bien. Elle jure, rouspète et n’hésite pas à avoir un comportement méprisant envers tout le monde. Vous l’avez bien compris, c’est Jessica Jones avant l’heure. C’est à mon sens la 1re fois que j’ai vu un personnage féminin aussi bien caractérisé. Brian M. Bendis n’a donc rien inventé avec Jessica Jones, sa proposition de détective privé borderline et pas sexy. Car comme Jessica, Cameron Chase n’a rien de la bombasse. Elle se fout de son maquillage comme de sa 1re chemise et passe son temps dans un imperméable dégueulasse et sa voiture pourrie.

 

 

Un univers parfaitement développé

Le 2e point fort de Chase : un univers totalement cohérent et parfaitement développé. Ce que propose Curtis Johnson sur la série est excellent, surtout quand on sait que ce sont ses 1ers scénarii (et derniers, donc). On nous offre des tonnes d’information sur le DEO, tout en ne négligeant pas la vie privée de Chase et son passé, qui sonnent particulièrement juste. Ses relations avec sa sœur, le problème du père, ou le petit ami. Tout ça paraît aujourd’hui un peu cliché mais il n’en est rien. C’est sensible et touchant. Les personnages secondaires sont mystérieux et bien développés, même les apparitions d’un certain justicier chauve-souris font mouche. Car bien évidemment, il ne faudra pas s’étonner de croiser dans la série un grand nombre de têtes connues. Le seul problème, c’est l’arrêt prématuré de la série qui a mis à mal les plans à long terme du scénariste. De fait, si le tout reste extrêmement cohérent et qu’on ne nous laisse pas sur un cliffhanger, certains points du récit appelaient à plus d’explications. C’est vraiment dommage. L’écriture est vraiment très bonne et on ne peut que regretter que Dan Curtis Johnson soit parti vers d’autres cieux peut-être plus favorables. Il avait réussi à apporter un peu de modernité chez son personnage sans pour autant oublier les origines comics de la série et un côté un peu rétro. Pour moi, l’histoire et la mise en place de Chase sont aussi excellentes que celles de Starman, c’est vous dire !

 

 

Des dessinateurs de choix

Encore un point fort : les dessins. Chase a certes été créée par D. Curtis Johnson mais il n’était pas tout seul : il a eu à ses côtés JH Williams III ! Car oui, Chase est la 1re série régulière de cet artiste extraordinaire, capable de tout dessiner et dans n’importe quel style. Promethea, c’est lui ! Sandman Overture, c’est encore lui ! JH Williams III réalise les ¾ des épisodes dans un style un peu brut, qui n’a pas encore atteint toute sa maturité mais qui est déjà largement prometteur et au-dessus des autres. C’est sur certaines des planches de Chase que JH Williams III va préparer le terrain pour Promethea. Et quand ce n’est pas lui qui est aux dessins ? Charlie Adlard (Walking Dead), Yannick Paquette (Batman, Wonder Woman) et Bob Hall ! Rien de moins ! Autant vous dire que ce recueil est un véritable festival pour les yeux.

 

 

Une influence encore présente dans le DC Comics Universe

Et comme si cela ne suffisait pas assez à vous convaincre, on rappellera qu’en dépit de sa disparition prématurée, l’agent Chase et le DEO ont refait leur apparition très récemment dans la série télévisée Supergirl, où l’on a même pu voir débarquer Chase Cameron en personne, jouée par Emma Caulfield (oui, Anya dans Buffy). Mais je ne veux pas trop en parler car les personnages sont très différents et cela risque, encore une fois, de faire exploser de rage ma tension artérielle. On reverra la Cameron Chase des comics plutôt bien traitée dans la série Manhunter des années 2000 et complètement mal fichu dans Batwoman et le Supergirl rebirth. Malgré ses 10 épisodes, Chase est quelqu’un qui compte encore. Sa série a pavé la voie pour toutes les super-héroïnes fortes des années 2000. À quand une publication en France ?




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.