Batman – 80 ans risque bien de se retrouver aux pieds de nombreux sapins dans quelques semaines. Et en ajoutant une myriade d’épisodes de Detective Comics, Urban Comics ajoute une véritable plus-value à un épisode n°1000 commémoratif par ailleurs un peu faible. Un choix éditorial judicieux et intelligent pour au final un joli album.
■ par Stéphane Le Troëdec
Pour tous les fans de comics, l’année 2019 est un peu particulière puisqu’on fête les 80 ans de Batman, un des personnages les plus populaires de la bande dessinée américaine. Évidemment, ni DC Comics ni Urban Comics ne pouvaient passer à côté de l’événement. Sauf que pour le coup les lecteurs français peuvent profiter d’un album exceptionnel. Car Urban Comics ne s’est pas contenté de traduire l’épisode commémoratif Detective Comics 1000. En effet, l’éditeur y ajoute de nombreux épisodes très variés de la série Detective Comics pour faire de Batman – 80 ans un très bel ouvrage.
Un pavé lourd et classieux
Une fois n’est pas coutume, commençons cette critique de Batman – 80 ans par l’album en lui-même. Première impression : une fois l’album en main, on se dit qu’on tient un joli pavé ! Avec plus 500 pages, l’ouvrage est épais et lourd. Batman – 80 ans se présente derrière une couverture cartonnée toute noire, en 1re comme en 4e de couverture. Cela donne un résultat curieux : de prime abord, Batman – 80 ans est un gros monolithe noir… sans titre ! Car seul le vernis sélectif permet de lire le nom de l’album, sur la couverture comme sur le dos. Le résultat ? L’ensemble fait très classieux, très belle impression qui colle bien avec l’idée de commémorer les 80 ans de Batman.
Une sélection judicieuse d’épisodes de la série Detective Comics
C’est LA bonne idée de ce Batman – 80 ans ! Plutôt que de traduire directement Detective Comics 1000, Urban Comics offre un véritable tour d’horizon de la revue Detective Comics. Le choix des épisodes est particulièrement intéressant. Car Batman – 80 ans n’hésite pas à nous plonger dans d’anciens épisodes remontant à l’Âge d’or. Évidemment, on retrouve ici les 1res apparitions de Batman et de Robin dans Detective Comics n°27 et n°38. Mais surprise, on retrouve aussi d’autres histoires de l’époque comme le Crimson Avenger ou le Commando des Juniors (signé Joe Simon et Jack Kirby). Petit à petit, on comprend que tous ces épisodes permettent de célébrer la revue Detective Comics elle-même et pas uniquement le Chevalier Noir. Nous avons donc aussi droit à la 1re apparition de Double-Face ou de Batgirl, par exemple. Pour preuve de l’intelligence de cette sélection, Urban Comics reprend Detective Comics n°457 et son « There is No Hope in Crime Alley ! » signé Dennis O’Neil, indispensable pour bien comprendre le travail du scénariste dans sa petite histoire du n°1000. Tous ces numéros anciens sont imprimés sur un papier mat, tandis que le n°1000 est lui imprimé sur un papier glacé. À noter enfin que, cerise sur le gâteau, les épisodes sont entrecoupés de différents textes qui éclairent la carrière de Batman.
Detective Comics 1000 ou comment célébrer les 80 ans de Batman
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Dans la 2nde partie de Batman – 80 ans, on découvre donc le numéro anniversaire Detective Comics 1000. Et là, malheureusement, DC Comics a opté pour une formule classique. Trop classique, à mon goût. En gros, il s’agit de rappeler les artistes importants et disponibles à venir rendre hommage à Batman via une courte histoire de quelques pages. Et malheureusement, malgré les pointures invitées, l’ensemble s’avère beaucoup trop classique et sage. J’ai souvent eu l’impression que tout le monde se regardait un peu écrire. Genre « regardez, je fais un numéro anniversaire ». Parce que difficile, vu la formule très contraignante, d’en tirer quelque chose d’inoubliable. Du coup, certains scénaristes tombent dans le piège de la caricature. Scott Snyder, par exemple, dont on pourrait croire qu’il s’auto-parodie avec un énième complot ancestral mené au nez et à la barbe d’un Batman sensé être « le meilleur Détective du monde », rappelons-le. Neal Adams fait peine à voir. Kevin Smith et Jim Lee tentent de revenir sur le rapport de Batman avec les armes à feu : dans l’absolu, l’idée est intéressante, mais sur une poignée de page, c’est forcément frustrant. Les 3 histoires qui, selon moi, sortent du lot (globalement pas mal, mais pas top), ce sont celles de Brian M. Bendis, de Paul Dini et surtout de Tom King. Bendis imagine une ultime confrontation avec le Pingouin qui aurait depuis longtemps découvert la véritable identité de Batman. Paul Dini fait quelque chose de classique, qu’il aurait pu mettre en dessin animé, et qui consiste à imaginer un homme de main particulièrement poissard. C’est drôle et malin, et permet de balayer l’univers du Dark Knight. Enfin, Tom King est un des rares à se souvenir que l’univers de Batman, c’est aussi une famille, et donc une flopée de personnages. Il relie l’ensemble avec le drame originel de Bruce Wayne, de manière assez habile sans oublier d’être ironique… et iconique d’une certaine manière. Seulement voilà, pour un numéro censé célébrer Batman et ses 80 ans, c’est un peu court. Du coup, le travail éditorial compte encore plus, car il permet de rééquilibrer l’ensemble de faire de ce Batman – 80 ans un bel album, précieux non pas pour l’anniversaire mais par les épisodes qu’il balaie sur plus 400 pages (l’épisode commémoratif faisant 100 pages). À 35 € ce superbe pavé, cela fait un joli cadeau pour tout fan de Batman. ■
Batman – 80 ans est un comics publié en France chez Urban Comics.
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