Absolute Wonder Woman : une réinvention magique et furieuse de l’Amazone

Absolute Wonder Woman
Absolute Wonder Woman
Temps de lecture estimée : 4 min.

Et si on reprenait tout à zéro ? Avec Absolute Wonder Woman, Kelly Thompson et Hayden Sherman n’y vont pas avec le dos de la hache magique : ils plongent Diana dans un monde crépusculaire, l’arrachent à Themyscira et la transforment en sorcière tatouée qui chevauche un pégase squelettique. Rien que ça. Est-ce que c’est too much ? Peut-être. Est-ce que c’est réussi ? Oui, totalement.

Cette nouvelle Wonder Woman est plus rugueuse, plus mystique, mais toujours fidèle à ses valeurs fondamentales. Compassion, justice et gros pain dans la tronche des monstres façon kaiju : voilà le triptyque de cette version revue et corrigée. Et franchement, on signe direct.

Absolute Wonder Woman : un nouveau mythe pour une héroïne éternelle

Dès le premier épisode, Absolute Wonder Woman impose un ton : une enfance aux enfers et une héroïne perdue mais pas brisée. Revenue sur Terre, Diana est devenue une étrangère dans un monde qui ne la comprend plus, une sorcière armée de magie, de mémoire et de muscles. La rupture avec la Wonder Woman classique est frontale, mais maîtrisée.

L’idée de Kelly Thompson est simple et brillante : transformer l’environnement sans toucher à l’essence. Diana reste cette guerrière pleine d’empathie, mais elle avance désormais dans un monde où l’espoir est une denrée rare. Et c’est justement dans cette noirceur que sa lumière perce.

Une Wonder Woman sorcière, tatouée et prête à tout

La métamorphose est aussi visuelle. Hayden Sherman (Batman : Dark Patterns) lâche les chevaux avec un design brut, où les ambiances grecques côtoient les artefacts de sorcellerie et les cicatrices de guerre. Cette Wonder Woman n’est pas là pour faire joli : elle est marquée, usée, tatouée, mais déterminée.

Les tatouages ne sont pas un caprice esthétique : ils font partie intégrante de la narration. Chaque marque sur son corps raconte un bout de son histoire. Même son look en dit long : une armure bricolée façon Mad Max, une épée toujours dégainée, et un pégase squelettique qui traîne dans le coin. Oui, ce comics a un pégase squelette, et c’est génial.

L’héritage réinventé : entre Steve Trevor, Etta Candy et les Amazones

Ce qui rend Absolute Wonder Woman aussi riche, c’est sa capacité à relire les figures familières sous un jour nouveau. Steve Trevor est toujours là, plus romantique que jamais, même s’il patauge un peu en enfer. Etta Candy débarque avec sa sœur et une boutique de magie en prime. Et bien sûr, Cheetah refait surface, dangereuse et troublante.

Mais au-delà des clins d’œil, c’est la relation entre Diana et ses racines qui se redessine. Le lien avec la sorcière Circé, sa mère adoptive, est émouvant. L’éducation à la dure, les souvenirs douloureux, les rituels de passage sanglants : chaque épisode enfonce un peu plus Diana dans un passé mythologique revisité. Et c’est précisément là que l’histoire trouve toute sa profondeur.

Un art viscéral au service de la légende : Absolute Wonder Woman en images

Graphiquement, c’est une claque. Hayden Sherman expérimente, découpe les planches avec une liberté folle et donne vie à une ambiance crade, gothique, quasi organique. Les combats sont lisibles, violents, chargés en émotion. Les séquences calmes ? Pleines de détails, de regards lourds et de non-dits.

Mention spéciale à Jordie Bellaire à la couleur : chaque planche évolue entre violence et poésie. Et le lettrage fait exploser les bruitages magiques dans des effets visuels aussi stylés qu’efficaces. La fusion des trois rend le tout aussi cohérent qu’envoûtant.

Absolute Wonder Woman : la magie comme moteur narratif

Dans Absolute Wonder Woman, la magie n’est pas un gadget, c’est le cœur battant du récit. Diana est littéralement une sorcière. Pas une magicienne de pacotille avec une boule de cristal, non. Une vraie sorcière avec des sorts tatoués sur la peau, des sacrifices à réaliser, un héritage mystique à assumer, et une relation fusionnelle avec des entités aussi bien divines que démoniaques. Le tout saupoudré d’un soupçon de Hécate pour pimenter les choses.

Cette plongée dans l’ésotérisme donne au récit une tonalité rare pour un comics mainstream. Ici, les combats se gagnent autant par la volonté que par l’incantation. Diana parle aux morts, négocie avec les enfers, et tisse sa propre mythologie. On sent l’influence de Wonder Woman Historia, mais filtrée à travers une ambiance plus punk, plus brute, plus Absolute. Bref, c’est mystique, c’est intense, et ça fonctionne à merveille.

Absolute Wonder Woman : une nouvelle versions de l’Amazone qui cogne fort

Le cinquième épisode vient refermer cette première salve avec tout ce qu’on espérait : un combat épique, une révélation autour du lasso magique, et une Diana qui reste droite dans ses bottes malgré les sacrifices. Oui, elle perd un bras. Oui, elle gagne un nouveau pouvoir. Mais surtout, elle continue de protéger les innocents, envers et contre tout.

Absolute Wonder Woman n’est pas juste une bonne surprise : c’est une nouvelle pierre angulaire pour le personnage. Une version adulte, sombre, mais profondément fidèle à l’idée même de Wonder Woman. On a hâte de voir jusqu’où cette série va aller. En attendant, on se relit les cinq épisodes. Avec grand plaisir. Après le très bon Absolute Superman, cette relecture de Wonder Woman vient confirmer la très bonne qualité générale de cette gamme.

Absolute Wonder Woman, tome 1 est un comics publié en France par Urban Comics. Il contient : Absolute Wonder Woman #1-5.




A propos Stéphane 742 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.