Bermude : quand John Layman et Nick Bradshaw réinventent l’aventure avec un grand A !

Bermude comics
Temps de lecture estimée : 4 min.

Bermude démarre sur les chapeaux de roue : un avion privé s’écrase sur une île exotique, deux enfants riches sont séparés : Andi est enlevé par des hommes-poissons et Bobby se retrouve nez à nez avec une ado aventurière qui tient autant de Peter Pan que de Lara Croft. Voilà, c’est posé. Pas de temps mort, John Layman balance son intrigue à 200 à l’heure. C’est clair : on est là pour l’action et la découverte, pas pour la psychologie. L’île de « Trangle » (oui, avec un « a » et pas de « i ») devient immédiatement un personnage à part entière : jungles luxuriantes, ruines improbables, monstres marins, pirates, créatures mi-hommes mi-poissons… bref, tout ce que votre imagination d’ado en manque de pulps rêvait de retrouver !

Et c’est bien ça la force de Bermude : une série qui assume pleinement son côté « rollercoaster », qui empile dinosaures, calamars géants et flibustiers sans se prendre la tête. On pourrait dire que ça frôle parfois l’overdose, mais justement, c’est ce qui fait le sel de l’album. John Layman a concocté un scénario « à l’ancienne », où l’aventure prime, et où chaque page fait la promesse d’une nouvelle surprise.

Nick Bradshaw, l’arme secrète de l’album

Soyons honnêtes : si Bermude fonctionne aussi bien, c’est parce que Nick Bradshaw fait feu de tout bois ! Chaque planche est un festival de détails, chaque case déborde de monstres, de machines rouillées, de pirates qui sentent la sueur et de végétation dense et limite étouffante. On pense, évidemment, à Arthur Adams, comme à chaque fois avec Nick Bradshaw mais aussi à Joe Madureira, avec ce côté hyper-dense qui donne envie de scruter chaque millimètre de page. Le gars s’amuse, ça se voit, et ça donne une énergie dingue à la série.

Et comme si ça ne suffisait pas, Len O’Grady livre des couleurs pétantes qui accentuent le côté pulp et exotique de l’île. Un vert de jungle jamais pareil d’une case à l’autre, des bleus marins profonds, des rouges de batailles épiques… On en prend plein les yeux. Un conseil pour lire Bermude : installez-vous à la lumière du soleil pour profiter pleinement des couleurs pétantes. Bref, si vous cherchez un comics qui claque visuellement, Bermude est une véritable petite bombe.

Une héroïne qui vole la vedette

Il faut aussi parler de l’héroïne. Bermude, c’est la survivante ultime, débrouillarde, cash, avec une énergie brute qui rappelle les grandes figures de l’aventure jeunesse. John Layman la décrit comme une ado qui a grandi seule dans ce monde hostile, avec la maturité d’une vétérane et la fraîcheur d’une gamine. Résultat : elle est immédiatement attachante. Elle s’impose naturellement comme guide du lecteur, au point de reléguer le petit Bobby au rôle d’acolyte pleurnichard (et ça, c’est presque jouissif). Et chose plutôt rare de nos jours, le dessin ne cherche jamais à hyper-sexualiser l’héroïne.

Dans un marché saturé de héros torturés ou de reboots cyniques, Bermude respire la sincérité et l’envie de s’amuser. On sent que John Layman avait envie de créer une nouvelle icône d’aventure, et franchement, ça marche.

Les limites du voyage

Alors attention, il y a quelques défauts. Avec seulement quatre épisodes, la mini-série va à cent à l’heure et parfois on aimerait souffler un peu. Certains personnages secondaires (comme la sœur de Bobby ou les habitants de l’île) sont à peine esquissés, et les menaces plus larges auraient mérité plus de profondeur. C’est le défaut classique des mini-séries trop courtes : on a l’impression de visiter un parc d’attraction fabuleux, au pas de course et de passer à côté de certaines attractions.

Reste que le final claque, avec une bataille qui coche toutes les cases du blockbuster estival : monstres, explosions, alliances improbables, et Nick Bradshaw qui se fait visiblement plaisir à remplir ses planches jusqu’à la gueule (à niveau de foisonnement, ça devient presque un « Où est Charlie ? »). Ça laisse un petit goût de « trop court », mais aussi une envie furieuse de revoir Bermude dans une suite. Et pour être tout à fait complet sur les points négatifs, à noter quelques pétouilles dans la version française comme des oublis de mots ou un problème de lettrage (page 7 de l’épisode 3), par exemple. Dommage, mais rien de vraiment rédhibitoire.

Verdict : un comics à lire sans hésiter

Au final, Bermude est une réussite. John Layman a écrit une aventure tout public, fun, rythmée, bourrée de clins d’œil aux films d’aventure qu’on a adorés gamins. Nick Bradshaw et Len O’Grady transforment ça en feu d’artifice visuel, avec une densité et une énergie qui claquent. Oui, ça va trop vite, oui, c’est parfois un peu léger côté intrigue, mais c’est exactement le genre de lecture qui rappelle pourquoi on aime les comics : parce que ça fait rêver, voyager, s’évader et sourire. A noter plusieurs pages de crayonnés, de couvertures et de strips amusants qui terminent l’album.

En un mot comme en cent : si vous cherchez une lecture dépaysante et spectaculaire, Bermude coche toutes les cases. Et puis entre nous, qui n’a jamais rêvé d’e se perdre d’explorer le secret du Triangle des Bermudes ?

Bermude est un comics publié en France par Hi Comics. Il contient : Bermuda 1 à 4.




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