V-Wars – la Reine pourpre : les vampires retrouvent (enfin) leur mordant !

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(image © IDW)

Graph Zeppelin adapte en français le comics V-Wars, adaptation d’une série de romans à succès de l’auteur Jonathan Maberry. À travers V-Wars : la reine pourpre, on découvre un monde où les vampires centralisent la somme de toutes les peurs de leurs cousins humains. V-Wars renouvèle l’approche du mythe vampirique en plus de nous proposer des réflexions très intéressantes et intelligentes sur l’état du monde et l’humanité.
■ par Fletcher Arrowsmith

 

v-wars Luther Swann
(image © IDW)

 

V-Wars, l’œuvre majeure de Jonathan Maberry

V-Wars, c’est d’abord l’œuvre d’un romancier d’une soixante d’année, Jonathan Maberry, ayant déjà écrit sous le pseudonyme Shane MacDougall. Spécialisé dans le fantastique et l’horreur, le lauréat de 2 prix Bram Stroker s’intéresse avec succès au mythe des vampires et cela. Ainsi V-Wars ou encore Rot&Ruins, déclinés en plusieurs livres, sont des bestsellers aux États Unis. Ses romans ont été peu adaptés en Français (Patient zéro chez Bragelonne), mais cela ne saurait tarder avec le 1er tome du livre V-Wars prévu début 2020. Néanmoins, Jonathan Maberry vous est peut être quand même familier. En effet il a travaillé pour Marvel Comics sur les séries Marvel Universe vs. The Punisher, Marvel Universe vs. Wolverine, Marvel Universe vs. Avengers, Marvel Zombies Return, Doom War : la guerre de Fatalis ou encore Captain America : Hail Hydra. Vous avez également pu le voir à l’œuvre sur Bad Blood, une excellente minisérie, encore sur le thème des suceurs de sang. Sur des excellents dessins de Tyler Crook (Harrow County), Bad Blood est publié de ce côté de l’Atlantique chez Delcourt. V-Wars le comics se trouve donc être le prolongement et un complément intéressants des romans de Jonathan Maberry ou comment suivre une histoire sur des médias différents. À signaler que la série télévisée V-Wars dont la 1re saison est désormais disponible sur la plateforme Netflix n’est pas dans la continuité des livres et des comics, même si vous y retrouverez le thème et les personnages principaux.

 

v-wars enfant sang vampire
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V-Wars : la vérité est ailleurs

V-Wars n’est pas un énième comics d’horreur mettant les vampires en avant. La figure fantastique des vampires sert le propos de Jonathan Maberry qui en fait une parabole sur la société et ses peurs. Ainsi en partant de l’idée que chaque être humain possède dans son ADN le gène du vampire, l’auteur décrit tout simplement l’humanité actuelle comme étant une somme d’individus similaires aux caractéristiques différentes. L’épisode 0 résume parfaitement la situation et, dès le début, on comprend que Jonathan Maberry n’est pas là pour écrire un récit d’aventure et, à l’instar de Walkind Dead, la recherche d’un remède n’est pas évoquée. Michael Payne est décrit comme le patient zéro, celui qui propage le « virus Ice », et à bien y regarder, vous retrouvez les bases des théories sur le patient zéro ayant amené le virus du sida. À peine nous apprend on qu’un virus dénommé Ice a été activé suite à une expédition en Antarctique. Ainsi un « Blood », un être humain qui a vu son gène vampire s’activer, n’est qu’un individu qui a besoin de sang tout comme un asiatique est également un être humain à la couleur de peau différente d’un africain par exemple. Jonathan Maberry va plus loin, car il intègre le folklore des mythes et légendes des vampires en créant des particularités aux Bloods qui viennent des Carpates, de la Patagonie ou encore d’Afrique. Les Bloods sont donc autant de peuples différents à l’intérieur d’une race unique, celle de l’être humain. Mieux, Jonathan Maberry va jusqu’à donner des apparences différentes, souvent monstrueuse (mais n’est-ce pas simplement des difformités apparentes ?) entre les Bloods, permettant de les distinguer et surtout de les identifier voire les stigmatiser. Le décor est posé, place désormais à une étude coup de poing de la société où les monstres ne sont pas forcément ce que l’on croit…

 

v-wars guerre civile entre blood et beats
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Une parabole sur l’état du monde cruellement d’actualité

Avec V-Wars, Jonathan Maberry explore les peurs de l’humanité mais dresse surtout un terrible constat social dont un ne ressort pas indemne. Avec l’apparition des Bloods, le monde rentre dans une guerre civile permanente. C’est la peur de l’autre en chacun d’entre nous qui ressort et le repli sur soi-même devient la norme. Ainsi, à travers les 6 épisodes de V-Wars : la reine pourpre, vous aurez l’impression de vivre l’apartheid à grande échelle ou encore le conflit israelo palestinien. Alors que les Bloods tentent de s’intégrer en développant leur propre culture, les « Beats », c’est-à-dire les « humains normaux », en font des boucs émissaires à la violence ambiante. Luther Swann, personnage et narrateur principal, se présente comme un chevalier blanc avant de révéler rapidement ses failles et ses doutes. Rien n’est tout blanc ni tout noir chez Jonathan Maberry. Les autres protagonistes à l’instar de Yuki Nitobe ou Taurus sont dans une approche similaire. Que cela soit par leur origine (asiatique et afro-américaine), leur statut social (journaliste, soldat), ils montrent les mêmes faiblesses que Luther Swann face à des situations complexes. La duplicité et le mensonge des personnages sont alors de mise pour des raisons bien personnelles. Et dans ce cadre, l’emprise politicienne associée à l’armée accroit la manipulation des masses dans des combines faisant fi de l’intérêt de tous. Là encore le parallèle avec des évènements actuels récents est saisissant de vérité. Loin d’être un réquisitoire lambda sur l’intolérance, le terrorisme, capitalisme ou le pouvoir, V-Wars amène à réfléchir et montre finalement l’envers du décor d’une société repliée sur elle-même s’enfonçant dans le racisme ordinaire. Pour aller plus loin on peut supposer que le choix de la lettre V dans le titre V-Wars n’est si innocent que cela, suggérant une parenté avec la série télévisée V où les extraterrestres s’intégraient tant bien que mal à l’humanité car présentant une apparence similaire.

 

v-wars vampires aspects
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V-Wars adapté en France par Graph Zeppelin

On ne peut que remercier Graph Zeppelin de proposer l’adaptation en français de l’univers V-Wars, avec un timing parfait puisque nombre d’entre vous auront surement déjà découvert V-Wars sur Netflix. Le comics V-Wars comporte 13 numéros : un numéro 0 publié lors du FCBD 2014, la série régulière en 11 numéros et un numéro anniversaire publié en 2019 à l’occasion des 20 ans de l’éditeur IDW. V-Wars : la reine pourpre  adapte le 1er TP américain à savoir le numéro 0 du FCBD 2014 ainsi que le 1er arc composé des numéros 1 à 5 de la série régulière intégralement dessiné par Alan Robinson au style efficace malgré quelques défauts. Sous couverture cartonnée glacée, ce 1er tome de V –Wars propose une traduction de qualité et comporte également les couvertures de Ryan Brown. Sans trop me mouiller on peut supposer que le tome suivant, « Tous des monstres », annoncé pour le 10 mars 2020, sera composé des 2 autres arcs de la série V-Wars. Entre temps Graph Zeppelin aura publié début janvier 2020, un 1er roman V-Wars pour rassasier les suceurs de sang que vous êtes ! ■

v-wars couverture
(image © IDW, Graph Zeppelin)

V-Wars : la reine pourpre est un comics publié en France par Graph Zeppelin. Il contient les épisodes US : V-Wars 1 à 5 et V-Wars (FCBD 2014) 0.