Trop de pub tue le comics ! [En Vert et Contre tous n°34]

(image © Marvel Comics)

À force de créer une énorme attente sur des events qui n’en portent que le nom, les éditeurs génèrent de la frustration et de la déception. Car vendre du rêve s’avère au final réellement contre-productif !
■ par Doop

 

« Rien ne sera plus jamais pareil ! ». Combien de fois avez-vous entendu ou lu cette phrase ? Des dizaines et des dizaines. Et combien de fois cette prophétie s’est réalisée ? Jamais. Que les éditeurs fassent de la publicité et essayent de mettre leurs œuvres en avant par tous les moyens possibles, cela paraît ma foi être un minimum. En revanche, certains exemples récents ont tendance à démontrer que l’excès de hype a tendance à « tuer » certaines histoires. S’attendre au meilleur est la plupart du temps décevant.

 

Plus rien ne sera plus jamais pareil : Steve Rogers monte Pégase ! (image © Marvel Comics)

 

La publicité à outrance

Ne nous y méprenons pas, il est évident que dans un marché aussi morose que celui de la vente de comics, faire de la publicité à outrance pour certaines histoires est devenue une simple question de survie. Ce qui est plus étonnant, c’est que ce procédé fonctionne encore à quasiment tous les coups. Merci le phénomène Internet et les « fanboys ». Ceux qui me lisent depuis le début connaissent mon aversion pour tous ces effets de masse et ces jugements à l’emporte-pièce souvent basés sur un simple teaser ou une annonce cryptique. Et c’est plus ce point qui a tendance à m’inquiéter. Lorsqu’on a au final plus parlé du teaser d’une histoire plutôt que de l’histoire en elle-même, c’est que l’on a certainement atteint un point de non-retour.

 

(image © Marvel Comics)

 

L’arnaque Marvel 1000

Un exemple récent : les fameuses 80 équipes créatives qui composent le Marvel 1000. Tout a commencé lorsque Marvel a commencé à publier sur internet des noms d’équipes créatives sans aucune autre forme d’explication. Mark Waid et John Cassaday, Al Ewing et George Perez, J.M. Straczynski, Neil Gaiman, Erik larsen et bien d’autres couples plus qu’alléchants sont apparus au fil des jours dans ce qui semblait être une annonce importante. Et internet a commencé à s’emballer ! Beaucoup de gens, dont certains lecteurs avertis, ont commencé à penser que ces nouvelles équipes créatives allaient s’installer durablement sur de nouveaux titres Marvel réguliers. Pour finalement déchanter lorsqu’ils ont appris que chaque équipe allait réaliser simplement… une page… Sur un comics appelé Marvel #1000 ! Ce n’était pourtant pas compliqué de comprendre que George Perez (malade et à la retraite), Walt Simonson (occupé par Ragnarok chez un autre éditeur) ou John Cassaday ne pouvaient pas revenir sur le long terme. Mais le pire c’est que cette hype forcée commence à prendre une très mauvaise tournure.

 

(image © Marvel Comics)

 

Un 1 000e numéro qui n’a pas de sens

Premier point : ce Marvel #1000 ne repose sur rien ! Aucun comics ne s’est appelé Marvel tout court ! Marvel Comics, qui a été le 1er véritable comics de super-héros de la firme, aurait été certainement plus judicieux. À la rigueur Marvels pour faire référence à l’œuvre d’Alex Ross et de Kurt Busiek. De même, à quoi correspond ce 1 000e épisode ? Au 1 000e publié par la compagnie ? Certainement pas, puisque Marvel doit produire pas loin de 1 000 comics sur une année seulement. De fait, nous avons un livre dont l’existence, le nom et la numérotation n’a aucun sens. La vérité est beaucoup plus crasse. En effet, nous sommes l’année où DC Comics a sorti 2 numéros 1 000 (qui ont quant à eux une véritable signification) : Action Comics 1000 et Detective Comics 1000 et que le 1er a réalisé un carton en termes de précommandes et de vente. Marvel, histoire de ne pas rester en reste, a donc arbitrairement décidé de sortir un comics « 1000 » n’ayant aucune signification et ne reposant sur rien, si ce n’est une fumeuse 80e année d’existence de l’univers Marvel. L’histoire en elle-même n’a aucun sens puisque chaque équipe créative va réaliser une page représentant une année de la Maison des Idées… sur un scénario d’Al Ewing. Du coup, à quoi servent les scénaristes crédités dans les teasers ? Simplement à faire les dialogues ? Et on peut douter de la cohérence de l’histoire quand on voit que certains éditeurs sont tout simplement incapables de gérer une même histoire sur deux mois différents. Après, il faudra juger sur pièces et cela peut être une bonne lecture mais sachant qu’un Marvel 1001 est aussi prévu, personne ne m’empêchera de penser pour le moment que c’est un piège à gogos.

 

(image © Marvel Comics)

 

La hype à tout prix

Chaque histoire qui sort un peu de l’ordinaire doit désormais être utilisée au maximum. Quel scénariste peut désormais faire son event dans son coin sans qu’un éditeur n’oblige tous ses collègues à intégrer cela dans un tie-in ? Tiens, c’est peut-être le 1 000e tie-in sans intérêt de la Maison des Idées que l’on fête !? À tel point que l’intérêt propre de l’évènement devient dilué. C’est pour ces raisons que j’avais déjà critiqué le dernier event Marvel en date, Infinity Wars.

La suite ? Tout de suite !




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.