POWER : En immersion dans le Black Panther Party, le mouvement qui fit trembler les États-Unis ! [avis]

(image © Stéphane Marsan)

Écrivain français, Michaël Mention raconte dans POWER, l’histoire d’un mouvement radical et important de la fin de siècle dernier aux États Unis, le Black Panther Party. Charlène, Tyrone et Neil, les 3 héros de POWER, sont entrainés dans le tourbillon des évènements d’une Amérique déchirée de 1966 à 1971.
par Fletcher Arrowsmith

 

What we want

POWER se présente comme un roman de 550 pages découpé en 2 parties distinctes. Michaël Mention s’attache d’abord aux évènements qui ont conduit à la création du mouvement. En partant des moments clés dans la lutte des afro-américain pour leurs droits civiques dans les années 60, Michaël Mention imagine les réactions d’un groupe d’ami noirs d’Oakland. Parmi eux se trouvent Huey Newton et Bobby Seale, membres fondateurs du Black Panther Party.

 

 

What We Believe

Après une introduction intéressante et dense, POWER rentre dans le vif et suit à tour de rôle 3 personnages fictifs. Charlène, jeune militante noire, Tyrone, que le FBI sort de prison pour infiltrer le Black Panther Party et enfin Neil, policier blanc. Via des chapitres assez court et rythmés, POWER propose d’observer cette révolution de l’intérieur, comme si on y était mais en variant les points de vue. Deux afro-américains, 1 blanc, une femme, un homme, une étudiante, un repris de justice, un membre des forces de l’ordre, Michaël Mention boucle un casting multi-facette et ethnique. Au-delà du Black Panther Party, POWER rend compte de l’état de l’Amérique pendant presque une décennie. Ainsi, l’auteur nous rappelle, que tout ne fut pas flower power car ces années ont également été le témoin d’émeutes raciales violentes, de la tuerie de Charles Manson assassinant Sharon Tate, de la lutte de Mohamad Ali mais également de la folie meurtrière du serial killer Zodiac. Ces évènements, Michaël Mention les mets en scène donnant plus de réalisme à sa fiction, encrant un peu plus son récit dans la réalité.

 

Huey Newton, co-fondateur du BPP

 

Si loin, si proche de la vérité

Roman choral, POWER s’inspire de faits réels mais prend également des libertés malgré un travail de documentation de qualité de la part de Michaël Mention. Peut être à cause d’histoire de droit, certains noms ont été modifiés. Dommage également de vouloir à tout prix relier son histoire à la vraie en passant par la grande porte. Imaginer la vie de 3 personnages, qui n’ont pas existé mais qui aurait pu, en s’inspirant de témoignages, reste une bonne idée pour prendre la distance nécessaire avec la vérité notamment ses zones d’ombres. Surtout que des flics qui tournent mal il y en a eu tout comme des infiltrés au sein du Black Party Panther (l’assassinat de Fred Hampton). Mais l’intégration du Zodiac et de la tuerie de Los Angeles sont maladroites voire de trop. POWER est un bon roman, bien construit et documenté. Néanmoins je repose POWER frustré, car conscient de l’importance de cette tranche d’histoire américaine dont les réminiscences sont encore présentes de nos jours.

 

(image © Marvel Comics)

 

Et dans les comics ?

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Bien que datant de la même année, le Black Panther Party est apparu quelques mois après Black Panther, personnage de comics crée par Stan Lee et Jack Kirby en juillet 1966 dans les pages de Fantastic Four 52. Michaël Mention lie les 2 de manière fort habile mais là encore ce n’est surement que fiction. D’après des témoignages de Huey Newton et Bobby Seale, le choix de Black Panther prend son inspiration d’un parti présent lors de la marche de Selma en 1965, soit l’année précédente la création du héros Marvel. Dans les années 70, Marvel débaptise Black Panther en Black Leopard afin que son personnage ne soit pas identifié au groupe politique, surtout devant les actions de plus en plus radicales de ce dernier. Luke Cage et le Faucon peuvent être vu comme des personnages inspirés par le Black Panther Party. Actuellement la série Black Panther est dans les mains de Ta-Nehisi Coates. Figure importante de la cause noire aux États unis, le héros Marvel trouve une nouvelle jeunesse sous la plume d’un auteur engagé dont la voix compte. Je recommande aussi le run Christopher Priest sur le personnage avec des thèmes identiques. ■

(image © Stéphane Marsan)

POWER est un roman de Michaël Mention publié chez Stéphane Marsan.