On le savait malade, on le savait diminué, on savait que c’était pour bientôt. Mais… pas comme ça. Pas Peter David. Pas le type qui a écrit Hulk comme personne, qui a inventé un Facteur-X à part, un Spider-Man 2099 qui avait de la gueule, et qui a prouvé que même Aquaman pouvait être cool. Pas ce vieux briscard aux punchlines plus affûtées qu’une griffe d’adamantium. Pas ce putain de raconteur d’histoires. Et pourtant.
Hulk intelligent, lecteurs bouleversés
Tu veux parler de Peter David sans passer par The Incredible Hulk ? Impossible. C’est comme vouloir parler de Frank Miller sans mentionner Daredevil. Le run de David sur Hulk a duré 12 ans, et il a tout simplement redéfini le personnage. Il a intégré toutes les facettes du monstre, le Hulk bas du front, le Hulk gris, le Banner cassé, et les a fondus dans une psyché complexe à la limite de la schizophrénie. Une approche psychanalytique avant que ce soit la mode. Et surtout, une approche humaine. Avec Dale Keown puis Gary Frank, il a pondu des planches devenues cultes. Il a même raflé un Eisner en 1992, c’est dire si le bonhomme ne faisait pas que dans le spectaculaire, mais dans le viscéral.
L’homme qui parlait aux freaks
X-Factor ou Facteur-X en VF. Mais pas la version d’origine. Pas l’équipe de boy-scouts rescapés des X-Men. Non, la version de Madrox. Celle qui partait en enquête, qui vivait dans les quartiers crades, et où les mutants n’étaient pas des messies mais des paumés. David y ajoutait une bonne dose d’humour noir, une galerie de personnages cabossés (Layla Miller, Rahne, Rictor, Monet, etc.) et quelques dialogues bien sentis. Tu riais une page, tu chialais la suivante. Ce n’est pas pour rien qu’il a reçu un GLAAD Award en 2011 pour cette série. C’était subtil, intelligent, progressiste… et franchement trop en avance pour certains lecteurs.
Spider-Man, Aquaman, et les autres…
Peter David, c’était aussi le créateur de Spider-Man 2099. Un Spider-Man cyberpunk dans un futur dystopique, avec Miguel O’Hara à la place de Peter Parker. Un concept casse-gueule ? Ouais. Mais Peter David tenait le truc à bout de bras, injectant dedans ses marottes : la société dégénérée, le pouvoir qui corrompt, la famille brisée. Et puis il y avait Aquaman. Celui avec la barbe, les cheveux longs, le trident, la main en moins. Et là encore, il a pris un personnage moqué et en a fait une icône badass. Ah, et pendant qu’on y est : Captain Marvel (la série avec Genis-Vell), Fallen Angel, Supergirl, Young Justice… Tu veux un scénariste touche-à-tout, qui donne une âme même aux seconds couteaux ? Ne cherche plus, c’était lui.
Une carrière de 100 vies
Peter David, c’était un survivant. Avant de devenir le scénariste que l’on connaît, il a été journaliste, écrivain, commercial chez Marvel. Il a écrit des comics, des romans (Star Trek, Babylon 5), des scripts TV, des chroniques de blogs. Il a multiplié les styles, les genres, les supports. Et même quand la santé l’a lâché (AVC, insuffisance rénale, complications multiples) il a continué d’écrire. Parce que c’était ça, Peter David. Un mec qui écrivait comme il respirait. En mars 2025, une campagne de dons avait permis de récolter plus de 100 000 dollars pour aider à ses soins. Une preuve que dans ce petit monde du comics, il y a encore de l’amour. De la reconnaissance. Et une sacrée communauté de fans.
Salut Peter
Peter David est mort le 24 mai 2025. Il avait 68 ans. Il laisse derrière lui sa femme Kathleen, ses enfants, et des dizaines de milliers de lecteurs à qui il manque déjà. Il laisse surtout une œuvre immense, pleine d’humanité, de fureur et d’ironie. Tu veux lui rendre hommage ? Relis son Hulk, son X-Factor, son Spider-Man 2099. Et souviens-toi qu’un bon scénariste de comics, ce n’est pas juste un type qui aligne les punchs et les bastons. C’est quelqu’un qui comprend ses personnages. Qui comprend les lecteurs. Quelqu’un comme Peter David.
