Les comics existent-ils encore ? [En Vert Et Contre Tous n°28]

(image © Marvel Comics, DC Comics)
Temps de lecture estimée : 5 min.

Les superhéros n’ont jamais aussi populaires. Du moins au cinéma et à la télévision. Mais alors, que reste-t-il réellement de l’esprit des comics ?
■ par Doop

 

C’est quand-même assez bizarre ce qui se passe depuis quelques années. Si les comics restent avant tout une passion, tout ce qui se passe autour, les films, les séries, le fait que ce soit désormais une industrie gigantesque, est ce que cela n’aurait pas tendance à tirer ma vision de ce media vers le bas (et franchement le mot media me blesse) ? La notoriété de ces personnages n’est-elle pas en train d’éclipser totalement leur berceau originel ? N’y aurait-il pas ici une grosse confusion des genres ?

 

(image © Marvel Comics, Marvel Studios)

Et pourtant, ça tourne !

Peut-être ai-je tendance à trop dramatiser, à prendre les choses un peu trop à cœur. Sincèrement, quel fan de comics ne se réjouirait pas de voir quasiment chaque mois un film sur l’un des personnages qu’il a découvert 10 ans, 20 ans, 30 ans plus tôt ? Il y a quelques années, je pense que j’aurais vendu mon âme pour voir réunis sur grand écran Captain America, Iron Man et Spider-Man. Ça me fait toujours un truc de voir dans la rue un gamin porter un t-shirt Doctor Strange ou Wonder Woman mais finalement, après presque 10 ans de réussite incontournable, après une mise en avant des personnages sans précédent, que reste-t-il vraiment de l’esprit des comics ?

 

 

L’âge d’or des réseaux sociaux

Je n’ai pas découvert les superhéros par les films ni les séries télévisées. Je suis trop vieux pour ça, même si je suis né à l’époque où le dessin animé Spider-Man était diffusé sur TF1. Je ne sais pas si les jeunes lecteurs ont une idée de ce que c’était d’être un lecteur de comics il y a 40 ans. Pas d’internet, pas de réseaux sociaux, aucune publicité nulle part. Les superhéros étaient considérés comme des artefacts pro-américains débilitants. Il fallait sincèrement s’accrocher. La seule chose qui permettait de suivre était la régularité des publications. Tous les 5 du mois, on pouvait facilement trouver dans les kiosques les Strange, Special Strange, Nova et consorts. Si je voulais faire une très mauvaise blague, je dirais qu’il n’y avait qu’à traverser la rue pour trouver des comics. En revanche, pour en parler… Les réseaux sociaux ont complètement changé la donne au début des années 2000. Les grands lecteurs de comics ont commencé à se retrouver et à échanger sur leurs publications préférées. À l’époque on parlait très peu de films ou de séries et les seules polémiques se faisaient sur les lectures puisque le streaming de masse n’était pas encore totalement développé. On débattait des inédits d’Alpha Flight. On passait des heures à scanner telle ou telle planche pour montrer à ceux qui ne les possédaient pas les moments importants de telle ou telle série. C’était l’époque des forums comme Superpouvoir, France-Comics ou encore Buzzcomics. L’époque où l’on relançait Comic Box dans les kiosques après une longue interruption et où l’on pouvait avoir des informations qu’on ne trouvait nulle part ailleurs. Il ne fallait pas être un expert pour pouvoir rentrer dans ce cercle, tout simplement avoir envie de lire des comics. Et c’est à partir du succès des films que tout s’est emballé.

 

Lire la suite page suivante !




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.