Les 1001 vies de Billy Milligan, le livre qui a inspiré le film Split [critique]

Les 1001 vies de Billy Milligan est un livre tiré d’une histoire vraie. Il vous fera plonger au plus profond de l’esprit d’un homme atteint du syndrome des personnalités multiples !
■par Doop

 

 

Les 1001 vies de Billy Milligan (The Minds of Billy Milligan) est un livre écrit par Daniel Keyes, l’auteur du très subtil roman Des fleurs pour Algernon, qui traitait déjà des méandres du cerveau humain. Ici, l’auteur nous raconte la vie d’un jeune garçon accusé de viol et qui n’a aucun souvenir de ses actes. Alors que Billy est conduit en prison, son comportement suspect et ses attitudes changeantes le conduisent à un examen médical. Et les résultats des analyses sont sans appel : si Billy ne se souvient pas de ses crimes, c’est pour une très bonne raison : il est atteint de syndrome dissociatif de la personnalité et c’est l’une de ses personnalités multiples qui était aux commandes ! Véritable biographie, les 1001 vies de Billy Milligan, écrit comme un roman vous fait toucher du doigt ce qui se passe à l’intérieur du cerveau de personnes atteintes de troubles de la personnalité. Daniel Keyes a mené une longue enquête et a passé énormément de temps avec les multiples habitants de l’esprit de Billy, et sa description de l’intérieur de son esprit est assez remarquable.

 

 

Des personnalités plus qu’intrigantes

Ce qui est assez troublant, c’est que contrairement à ce que l’on peut penser, Billy n’a pas une ou 2 personnalités différentes, mais 24, qui de plus ont toutes une particularité hors du commun. On peut tout d’abord citer Arthur, qui parle avec un accent anglais très prononcé et qui est spécialisé en médecine. Arthur parle et écrit l’arabe alors que jamais Billy n’a suivi de cours de langues dans sa jeunesse ! Mais ce n’est pas sa personnalité la plus incroyable : Ragen (contraction de Rage Again) est celui qui apparaît lorsque Billy est en danger. Il maîtrise totalement la langue serbe et est expert en combat et en armes à feu ! Et je ne parle même pas de Adalana la poétesse lesbienne, de Christene une petite fille de trois ans ou encore de Allen, escroc et peintre à la fois. Tous ces « habitants » se livrent une véritable guerre à l’intérieur du cerveau de Billy, certains d’entre eux étant jugés indésirables par les autres ou agissant sans qu’ils le sachent. C’est véritablement passionnant et à un moment, on se demande réellement si les 1001 vies de Billy Milligan est une véritable biographie ou à un roman inventé de toutes pièces, tellement le récit est prenant et invraisemblable à la fois. Ce que nous décrit parfaitement Daniel Keyes à l’intérieur de Billy (en utilisant des monologues intérieurs) est tout simplement hallucinant. Son récit est l’histoire non seulement du procès de Billy (l’un des premiers procès où l’accusé plaide non coupable pour cause de démence) mais aussi de sa « guérison » et de la fusion de toutes ses personnalités en une entité supérieurement intelligente : le professeur !

 

 

Un livre passionnant, saccagé par le film Split

Disons-le clairement, les 1001 Vies de Billy Milligan est un roman qui m’a énormément marqué de par son sujet très fort. Je prends même plaisir à relire de temps en temps. Je vous garantis que vous ne pourrez pas le lâcher avant d’être arrivé jusqu’à la fin. Il faut dire que Daniel Keyes écrit très bien, et qu’il arrive à rendre le personnage de Billy et ses alter egos extrêmement touchants. On a de la peine pour ce jeune homme malade, son passé tragique et ses personnalités qui finalement souffrent en même temps que lui. Remettons aussi une vérité en place : les 1001 Vies de Billy Milligan n’a absolument rien à voir avec le film Split de M. Night Shayamalan, qui pourtant se revendique être inspiré par le livre. On ne peut pas faire plus éloigné, non seulement dans l’histoire mais aussi dans le traitement de la maladie. Le seul point commun c’est que le héros du film a des personnalités multiples en lui ! Si le livre devait ressembler à un film, ce serait plus à Shutter Island et encore. Keyes a écrit une suite, les 1001 Guerres de Billy Milligan, mais qui n’a pas réussi à m’emporter aussi fortement dans son univers que le 1er. Vous pouvez largement faire l’impasse dessus.

 

Détail de la couverture de X-Men Legacy : Legion 4 (image © Marvel Comics)

 

Les personnalités multiples dans les comics

À LIRE AUSSI : Legion : une 1ère saison complètement démente !
La schizophrénie a très souvent été utilisée dans les comics, ce qui semble tout à fait normal lorsque l’on raconte les aventures de gens qui décident de se déguiser et d’adopter une nouvelle identité pour combattre le crime. Il paraît difficile de ne pas citer David Haller, alias le mutant Legion, comme exemple de personnage souffrant de cette maladie. À ceci près que pour David, chaque personnalité possède un pouvoir mutant différent. On pourra aussi parler de Sentry, un héros de Marvel Comics qui doit constamment se battre contre un double maléfique issu de son esprit, The Void. Moon Knight, quant à lui possédait à une époque 3 personnalités différentes, le playboy Marc Spector, le justicier masqué et un chauffeur de taxi. Sa maladie fera d’ailleurs l’objet d’une mini-série (ratée) réalisée par Brian Bendis et Alex Maleev. Chez DC Comics, Batman a souvent été taxé, à juste titre, de personnage schizophrène. Il suffit de lire le run d’Ed Brubaker et de Scott Mc Daniel dans Batman – Meurtrier et fugitif pour s’en rendre compte. Quoiqu’il en soit, si la psychologie vous intéresse, si le potentiel insoupçonné du cerveau humain et la capacité de l’utiliser vous passionne, jetez-vous sans attendre sur les 1001 Vies de Billy Milligan, vous ne serez pas déçu. ■

 




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.