Heroes in Crisis 4 et 5 : Tom King dans la tête des superhéros DC Comics ! [avis]

heroes in crisis 4 et 5
(image © DC Comics)

Le 3e épisode de Heroes in Crisis prenait trop son temps à mon sens. Avec ces chapitres 4 et 5, Tom King et Clay Mann reprennent leur rythme de croisière. Et c’est largement réussi même si le ton du récit risque d’en dérouter certains, car le scénariste est plus doué pour l’introspection que pour l’action.
■ par Doop

 

heroes in crisis 4 et 5
(image © DC Comics)

 

Très loin d’une crise à l’ancienne !

Ce qui peut surtout surprendre avec Heroes in Crisis, c’est que c’est une histoire qui n’est absolument pas centrée sur l’action ! Celle-ci était omniprésente dans le 1er épisode où Harley Quinn et Booster Gold passaient une vingtaine de pages à se battre. Depuis le récit nous propose un faux rythme caractéristique de Tom King, à l’instar de ce qu’il proposait dans Mister Miracle. Ce ne sont pas les scènes de combat qui l’intéressent, mais surtout l’effet de ces combats sur nos personnages préférés. Plutôt que de nous montrer la violence (ce qui aurait été une possibilité), Tom King préfère rester dans les non-dits ou dans les silences tacites. Pour rappel : le Sanctuaire est un endroit où les héros peuvent de reposer et récupérer de leurs blessures mentales. Ce lieu a été attaqué, causant des dizaines de morts dont certains très importantes dans l’univers DC. Batman, Superman et Wonder Woman se mettent donc à enquêter sur les 2 suspects possibles : Booster Gold et Harley Quinn, les 2 personnage agissant assez bizarrement. La crise est aggravée lorsque certains enregistrements du Sanctuaire (où nos héros font part face caméra de leurs plus grandes peurs et de leurs blessures) sont dévoilés au public. Et c’est à peu près tout.

 

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(image © DC Comics)

 

L’intime prend le pas sur le spectaculaire

Alors oui, le sujet de Heroes in Crisis est assez original, entrecoupé de dialogues où Tom King montre qu’il maitrise parfaitement son univers DC. Mais il faut reconnaitre que l’intrigue globale n’avance pas beaucoup. En fait, nous avons généralement droit à une révélation tous les 2 épisodes. C’est très peu. Mais encore une fois, ce n’est pas l’important. En réalité il faut dépasser le titre assez mensonger voulu par les éditeurs de DC Comics pour faire vendre la série qui devait s’appeler au départ « Sanctuary ». Il n’y a aucun point commun entre ce comics et les histoires de Geoff Johns, Marv Wolfman et George Pérez. C’est même le contraire absolu d’un titre Crisis puisqu’il n’y a que quelques personnages par page et pas de combats gigantesques. Nous nous trouvons dans l’intime, comme dans Mister Miracle où les plus grandes batailles se déroulaient hors champ. Tom King et Clay Mann distillent quelques éléments de réponse dans certaines pages, via des dialogues qu’on ne comprend pas tout de suite et qui ne feront sens qu’à la fin (quelqu’un d’inconnu ramasse une rose ou une phrase de Booster sur le glitch de ses lunettes). On ne les comprend certes pas mais on sait qu’il y a une idée directrice derrière et ce n’est pas gênant, on sait que la réponse va arriver. Après, la répétition des « entretien psy » des héros au sanctuaire peut parfois être un peu lassante. Si certaines (comme Barbara Gordon qui se définit par sa blessure ou Donna Troy qui nous pond un discours méta-textuel sur son existence au sein des comics) sont réussies, d’autres font un peu remplissage (le Protector apparu uniquement dans 1 ou 2 épisodes depuis l’existence de DC ou le Commandant Steel). Cela allonge un peu le récit pour rien. Enfin, pour le moment, car on ne sait pas ce que la suite nous réserve. Et c’est aussi cela qui fait le charme de Heroes in Crisis.

 

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(image © DC Comics)

 

Clay Mann en surrégime ?

Autant j’ai été bluffé sur les 1ers épisodes par le trait de Clay Mann (qui a énormément progressé depuis ses X-Men Legacy et son Gambit), autant j’ai l’impression que l’artiste commence à tirer un peu la langue. Certaines des planches de Clay Mann me paraissent un peu trop rapidement exécutées. On pourra aussi lui reprocher une certaine sexualisation de ses héroïnes féminines. Je sais que ses pages avec Lois Lane ou Barbara Gordon ont soulevé quelques interrogations de l’autre côté de l’Atlantique. Mais je trouve le procès d’intention un peu dur. C’est sexy mais beaucoup moins vulgaire que certains épisodes d’Harley Quinn par exemple. Même si le niveau des dessins flanche un peu, la colorisation reste impeccable et permet de donner à l’ensemble une très bonne impression graphique.  De fait, comme beaucoup de séries estampillées Tom King, la réussite de Heroes in Crisis dépendra énormément de sa fin. En espérant qu’elle soit aussi réussie que celle de Mister Miracle. ■

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(image © DC Comics)




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.