Pour son nouveau titre indépendant à 10 €, Urban Comics nous propose Ether, une série réalisée par le scénariste Matt Kindt et par le dessinateur espagnol David Rubin, publiée en 2016 par Dark Horse. Une série qui pour le moment vaut plus par la qualité de ses designs que son histoire.
■ par Doop
Boone Dias est un détective trans-dimensionnel qui utilise la science pour résoudre des mystères dans le royaume d’Ether, un monde où la magie côtoie les monstres et créatures en tout genre. Alors que la protectrice du royaume est assassinée, Boone va devoir développer tous ses talents pour trouver l’assassin. Son enquête va l’emmener dans des endroits inattendus et lui faire rencontrer d’anciens camarades.
Ether : des designs hors du commun
Ce qui frappe au 1er abord lorsqu’on ouvre ce bouquin, c’est surtout les personnages et les compositions de David Rubin, un dessinateur espagnol spécialisé dans la bande dessinée européenne. En effet, lorsque Boone se retrouve dans l’Ether, on a droit à un festival d’inventivité, de créatures bizarres et de concepts bluffants qui frisent la poésie. Le style reste toutefois très européen, et à mon sens influe énormément le scénario de l’histoire. La mise en couleurs est elle aussi vraiment intéressante car elle permet de différencier les différentes phases du récit : celles qui se trouvent dans l’Ether (colorées et virevoltantes), celles qui se situent sur terre (sombres et ternes) et les flashbacks. Ether est un comics qui vaut surtout par ses dessins fantastiques et ses concepts délirants et exagérés. On peut tenter la comparaison avec Philémon ou même le Little Nemo de Eric Shanower et Gabriel Rodriguez. Cela fonctionne un peu moins bien lorsque Boone se retrouve sur Terre, la fantaisie de David Rubin se retrouvant confinée à un univers assez glauque.
Un scénario sans surprise
Ce qui pêche un peu dans Ether, c’est surtout le scénario et l’histoire de Matt Kindt. L’histoire reste vraiment très basique et pour le moment, les concepts sont plus des fioritures qui agrémentent le récit que de véritables clefs qui font avancer l’intrigue d’Ether. C’est un peu l’arbre qui cache la forêt. En effet, le personnage de Boone n’est absolument pas développé, sauf dans les flashbacks. Cette idée de mettre des flashbacks un peu partout pour complexifier le récit est vraiment agaçante. Surtout que dans cette histoire, leur placement dans le récit (en gros un peu lors de chaque épisode) n’apporte rien. Ils auraient pu se trouver ailleurs, cela n’aurait rien changé. De plus, il ne se passe pas grand-chose quand on regarde bien. En 5 épisodes d’Ether, Boone enquête sur le meurtre de la flamme d’or, affronte un golem mécanique et fait des allers-retours sur terre. C’est peu mais c’est bien camouflé par une partie graphique exceptionnelle, ce qui fait passer la pilule.
Un rythme lent
Pour ma 1re lecture d’une œuvre Matt Kindt, je vous avoue que je suis assez déçu par l’histoire et les dialogues d’Ether. C’est léger et en plus de 100 pages, on ne sait toujours pas ce que fait Boone sur Terre, pourquoi il vit comme un clochard et les flashbacks ne nous racontent pas tout. Rien n’est résolu et on a l’impression de ne pas avoir avancé d’un iota dans l’enquête. Je sais bien qu’il faut en garder pour la suite et surtout laisser libre cours à la fantaisie de David Rubin, mais je trouve que c’est très lent au niveau du rythme. Tout ce qui se passe aurait pu être raconté en 1 ou 2 épisodes. Il faut espérer que l’histoire prenne de l’épaisseur par la suite, au risque qu’Ether ne soit qu’un comics privilégiant la forme au fond. À suivre. ■
Ether, tome 1 est un comics de 128 pages écrit par Matt Kindt, et dessiné par David Rubin. Cet album est publié en France par Urban Comics au prix de lancement de 10,00 €. Les épisodes originaux sont parus aux USA chez Dark Horse.