Le Noël des Joyeux X-Men, c’est le genre d’album dont on se dit d’abord « bof, ça va être un gadget de Noël », avant de découvrir qu’il réserve finalement bien plus que son concept festif. Présenté comme un calendrier de l’Avent Marvel, cet album propose une série d’histoires courtes façon auberge espagnole, où chaque page raconte une petite scène centrée sur un X-Man ou une X-Woman différent. Mais que vaut vraiment Le Noël des Joyeux X-Men ? Est-ce que cet album a suffisamment de charme et d’intérêt pour s’imposer comme un vrai plaisir de lecture mutante ? Est-ce que la promesse d’une histoire par jour fonctionne réellement, ou est-ce que l’ensemble finit par ressembler à un fourre-tout mal emballé ? Et surtout : est-ce que Panini a réussi à proposer un objet sympa sans tomber dans le piège du truc opportuniste ? C’est ce qu’on va voir ensemble.

Une idée conceptuelle assumée : le calendrier mutant en 60 pages
Le Noël des Joyeux X-Men repose sur une idée simple mais marrante : proposer 24 courtes histoires indépendantes, une pour chaque jour de l’Avent, chacune confiée à une équipe créative différente. On change de ton, de style, de personnage et même d’ambition graphique à chaque page, ce qui donne un patchwork parfois bancal, mais souvent étonnant. Le tout est cadré par une aventure fil rouge écrite par Chris Sims et Chad Bowers, dessinée par Marco Failla, centrée sur Jubilée (et son bébé) qui rêve de vacances au soleil… mais se retrouve mystérieusement kidnappée dans un centre commercial. Ce mix conceptuel fonctionne bien mieux qu’on pourrait le croire : on tourne les pages pour voir ce que les auteurs ont encore imaginé, et il y a un vrai plaisir à passer d’un Wolverine en mode gag à un hommage sérieux à Genosha. C’est un peu comme ouvrir une case de calendrier de l’Avent : parfois on tombe sur un chocolat plein, parfois sur un truc un peu sec, mais l’ensemble garde son charme.

Une variété de tons réjouissante (du très léger au franchement dramatique)
La force du Noël des Joyeux X-Men tient dans cette variété permanente. Une page, c’est Kitty Pryde qui médite sur les millions de morts de Genosha, dans un hommage émouvant dessiné par Terry et Rachel Dodson et signé Chris Claremont. La suivante, c’est Wolverine qui déblaye une allée enneigée en poursuivant des ninjas, sous la plume de Charles Soule. Et encore après, hop, on tombe sur un Deadpool qui s’engueule avec une Jean Grey énervée. On passe d’une micro-fable écologique avec Nature Girl à un petit conte où Gambit qui pique des jouets pour les gamins défavorisés. L’album alterne entre humour potache, drames mutants et instantanés de vie, et si tout ne se vaut pas, la variété en elle-même devient une qualité. On ne s’ennuie pas une seconde, et c’est déjà beaucoup pour un album de Noël qui aurait pu sombrer dans le « ça fera l’affaire ».

Une auberge espagnole parfois inégale mais toujours sincère
Soyons honnêtes : Le Noël des Joyeux X-Men n’est pas un chef-d’œuvre. Certaines histoires donnent un peu l’impression d’avoir été écrites un matin de gueule de bois, et quelques auteurs semblent avoir expédié leur page entre deux cafés. Mais même quand l’inspiration baisse, l’objet reste amusant, parce qu’il embrasse totalement son côté « pot-pourri mutant ». L’irrégularité fait partie du charme. Pour ma part, j’ai adoré l’histoire d’Ororo traitant d’intolérance, les délires de Domino par Anthony Piper, ou encore la petite comédie romantique de Glob Herman sous le gui par Ed Brisson et Pepe Pérez. Il y a des pépites, des curiosités, et quelques machins dispensables, mais l’ensemble respire l’envie de s’amuser avec l’univers mutant.

Une édition Panini entre jolis efforts et choix discutables
En termes d’édition, Panini a mis les formes : couverture cartonnée avec vernis sélectif, effet relief au toucher, le tout emballé un design adequat, bref l’objet a une vraie gueule de cadeau de Noël. Là-dessus, rien à redire. Là où c’est moins convaincant, c’est sur la présence systématique d’une grande page de crédits entre chaque histoire. Cela remplit artificiellement les 60 pages (l’équivalent VO ne faisait que 32), et donne parfois l’impression d’un gonflage artificiel. Ce n’est pas dramatique, mais ça casse un peu le rythme. On sent aussi qu’il y avait la place de glisser un épisode classique des X-Men consacré à Noël, comme celui de Kitty contre les Brood signé John Byrne, évoqué dans l’introduction. Ça aurait été la petite cerise sur le gâteau.
Derrière son concept un peu gadget, il propose une mosaïque d’histoires sincères, amusantes, parfois touchantes, servies par des auteurs qui jouent le jeu.
Un cadeau parfait pour fans mutants… ou pour glisser dans la bottes
Si vous cherchez une idée cadeau pour un lecteur de comics, Le Noël des Joyeux X-Men coche toutes les cases : pas cher (13.99 €), fun, joli, facile à offrir, lisible même sans suivre la continuité post-Krakoa. Ce n’est pas l’album de l’année, mais c’est pile le genre de bouquin qu’on offrira avec plaisir pour faire sourire un fan de Marvel. Et surtout, ça sent vraiment Noël : la solidarité, la tolérance, les valeurs des X-Men, la neige (ou parfois les ninjas, on ne juge pas), tout est là. Pour un album saisonnier, c’est réussi, et même si certains dessins piquent un peu, ou si la 4e de couverture n’est pas un modèle de beauté (mon Dieu…), on passe un bon moment. C’est ce qu’on lui demande, et le rapport qualité-prix est là.
Conclusion
En définitive, Le Noël des Joyeux X-Men est une jolie surprise. Derrière son concept un peu gadget, il propose une mosaïque d’histoires sincères, amusantes, parfois touchantes, servies par des auteurs qui jouent le jeu. Oui, c’est inégal. Oui, l’édition gonflée aurait mérité un bonus plus ambitieux. Mais l’essentiel est là : un album qui respire Noël, qui célèbre l’esprit mutant, et qui donne envie de s’y replonger jour après jour. Pour les fans de Marvel en manque de bonne humeur hivernale, c’est un achat facile et assumé. Et franchement (oui, franchement), ça fait du bien.

Le Noël des Joyeux X-Men est un comics publié par Panini Comics. Il contient : Merry X-Men Holiday Special (2018)