
Lorsque Adam Mc Kay, réalisateur et scénariste de comédies délirantes comme Roy Burgundy, la légende de Ricky Bobby : roi du circuit ou encore Very Bad Cops se lance dans une satyre sur l’univers de la finance et la crise des subprimes, cela donne un film réjouissant et instructif, porté par une pléiades d’acteurs au sommet. Vous ne comprenez rien à la crise des subprimes, à la notation triple A et aux processus financiers ? The Big Short est un moyen d’entrée parfait dans ce monde nébuleux qui nous englobe malheureusement tous !
■par Doop
2005, Wall Street. Le docteur Michael Burry (Christian Bale), financier de génie, un peu excentrique et totalement obsessionnel avec les chiffres, se rend compte que quelque chose ne va pas. D’après ses analyses, une bulle spéculative autour des biens immobiliers risque d’éclater et de faire beaucoup de dégâts. Michael Burry va alors tenter de profiter de l’aveuglement général de tous les acteurs de la finance en pariant, sous leurs yeux incrédules, contre les banques et l’immobilier. M. Burry va entraîner avec lui d’autres compères comme Mark Baum (Steve Carrel), un banquier anti-système mais aussi Jared Vennett (Ryan Gosling) et Ben Rickert (Brad Pitt). Leur but ? Faire sauter la banque et rafler la mise !
Un mélange des genres surprenant
Étrange de voir un sujet aussi sérieux traité par un réalisateur/scénariste connu pour ses films burlesques et absurdes avec Will Ferrell. Étant plutôt fan de ce genre de comédies, j’étais toutefois été intrigué par la manière dont Adam Mc Kay allait pouvoir passer au-dessus de ses habitudes. Et il réussit le pari haut la main. Mieux : il garde une légèreté et un 2nd degré franchement plaisant tout en n’oubliant pas la gravité de son sujet. The Big Short est une œuvre surprenante, mélangeant les genres et les thèmes, à tel point qu’on se demande si c’est un biopic, un reportage ou une comédie dramatique. Exemple : lorsque les explications deviennent assez compliquées (qui connaît sur le bout des doigts le fonctionnement des prestations obligataires ?), le réalisateur n’hésite pas à couper la narration de son film pour nous proposer des explications sérieuses par des guest-stars. Les explications de ce que sont tous ces produits financiers se font par Margot Robbie nue dans un bain ou Selena Gomez en train de jouer au casino, histoire de mieux faire passer la pilule. Et ça fonctionne ! Adam Mc Kay fait de la vulgarisation financière sans en avoir l’air et de manière intelligente. On ressort de ce film en ayant quasiment tout compris sur les systèmes financiers qui ont mis en l’air la moitié de Wall Street.
Plus qu’une comédie, portée par des acteurs hors pair
Bien évidemment, si de nombreux passages jouent sur la comédie, la démonstration de The Big Short est claire : nos banques et les finances mondiales sont contrôlées et dirigées par une majorité de gens qui n’y compressent rien ! Et qui de plus sont prêts à vendre n’importe quoi (comme faire une demande de crédit par un chien) pour gagner un peu d’argent sur du court terme. En plus d’être un film sur la crise des subprimes, The Big Short dénonce de manière très véhémente, mais aussi pessimiste, tous les processus qui ont abouti à ce désastre financier et au manque de contrôle de ceux qui sont censés avoir une vision concrète de l’économie à grande échelle. Certains passages sont tout bonnement stupéfiants. De plus l’intrigue de The Big Short, récompensée par l’oscar 2016 du meilleur scénario original, est portée par un casting 4 étoiles. Comme à son habitude Christian Bale est parfait dans un rôle de génie de la finance complètement barré et excentrique. De son côté, Ryan Gosling interprète à merveille un jeune requin de la finance. À mon sens la performance la plus impressionnante est celle de Steve Carell, totalement méconnaissable avec ses cheveux blonds lavasse et son passé assez touchant. Si vous rajoutez un Brad Pitt très sobre en gourou de la banque reconverti dans le bio, vous aurez un film très bien écrit et surtout, parfaitement bien joué.
La finance dans les comics
Les grandes organisations dénoncées dans The Big Short ont toujours fait partie de l’ADN des comics. On pourra bien évidemment parler de Tony Stark en tant qu’entrepreneur de génie ou gérant d’une mutinationale, ou bien alors des familles mafieuses qui régissent l’univers de 100 Bullets (vous n’avez pas encore lu ce comics ?). En revanche, il est difficile de trouver des comics parlant véritablement de la finance et de la bourse. On peut renvoyer à Black Monday Murders, le comics de Tomm Cocker et Jonathan Hickman ou bien encore Hypercapitalisme de Tim Kasser et Larry Gonick.■
The Big Short est un film d’Adam Mc Kay, sorti en France le 23 décembre 2015 avec Christian Bale, Ryan Gosling, Brad Pitt et Steve Carell.