Kaijumax, tome 1 : le comics le plus original de l’été mixe grands monstres, polar et sentai ! [avis]

(image © Oni Press)
Temps de lecture estimée : 4 min.

Vos lectures comics se ressemblent trop ? Jetez-vous sur Kaijumax ! Imaginez le mélange frappa-dingue de Godzilla, de Prison Break et de Bioman. Dépaysement totalement garanti !
■ par Stéphane Le Troëdec

 

(image © Oni Press)

 

Vous pestez contre le manque d’originalité et de prise de risques des comics actuels ? Et si la solution passait par un mélange des genres ? C’est le pari fou de Kaijumax : prendre plusieurs genres et les mixer, histoire de voir ce que ça donne. Sauf qu’ici, les genres choisis n’ont a priori rien à voir et semblent bien compliqués à mélanger. Jugez plutôt : comment faire cohabiter les kaiju, ces grands monstres à la Godzilla, les récits de prison et le sentai à la Power Rangers ? Cette idée d’hybridation totalement délirante, Zander Cannon la pousse jusqu’au bout, respectant les clichés des genres à la lettre. Cela donne Kaijumax, un comics totalement surprenant de fraîcheur.

 

(image © Oni Press)

 

Ne pas se fier à sa 1re impression

Mais avant de prendre du plaisir avec Kaijumax, il va falloir dépasser sa 1re impression. Car la bête ne se laisse pas dompter facilement, elle se mérite ! Quand on ouvre pour la 1re fois Kaijumax, on se demande un peu dans quoi on va mettre les pieds. Moi-même, j’avoue que lorsque j’ai ouvert Kaijumax, je me suis demandé : « C’est quoi ce truc ? ». Non pas que les dessins soient moches. Mais c’est coloré et l’encrage est parfois un peu lourd. Disons que le style graphique de Zander Cannon est très différent de ce qu’on lit d’habitude dans les comics. Alors faites-nous confiance, prenez une bonne respiration, et passez outre. Car au bout de quelques pages, on oublie les dessins. Ou plutôt, très vite, ils s’avèrent même très bons, car parfaitement adaptés à l’histoire. Et vous refermerez Kaijumax en vous disant que, finalement, ces dessins, c’était précisément ce qu’il fallait. Si, si.

 

(image © Oni Press)

 

Un respect des genres totalement jouissif

Comme je le disais en introduction, Kaijumax mélange les clichés. Zander Cannon croise les genres, il hybride les styles. Et le plus jouissif, c’est qu’il prend un malin plaisir à ne pas en oublier. Au début de Kaijumax, on suit le destin d’Electrogor, enfermé sur l’île de Kaijumax. Une île transformée par les humains en prison pour grands monstres. Les 1ers épisodes de Kaijumax s’amusent donc à pasticher les clichés du film de prison et ceux des films de grands monstres. Ainsi, il y a des clans dans la prison qui se livrent une guerre ouverte. Comme dans toute histoire de prison, il y a un détenu qui peut tout obtenir. Vous connaissez tous le cliché des « bagarres » dans les douches ? Zander Cannon l’utilise. Même chose avec le sentai : les gardiens de l’île de Kaijumax maintiennent l’ordre car ils peuvent se transformer en « Power Rangers ». Oui, c’est délire. Et pourtant ça fonctionne.

 

(image © Oni Press)

 

Un univers cohérent et attachant

Et Kaijumax fonctionne d’autant plus que Zander Cannon n’oublie jamais qu’au-delà de son pitch de départ délirant, il a non seulement une histoire à développer mais aussi des personnages à approfondir. Petit miracle : il mène les 2 tâches de front avec le même succès. Vous pensiez que toute l’intrigue allait se dérouler sur l’île de Kaijumax ? Raté, au bout de quelques épisodes, on commence à sortir de la prison et à explorer le reste de l’univers. Et la grande force de Zander Cannon est de traiter cet aspect avec un plaisir communicatif. Son monde gagne en cohérence au fil des pages, se structure, et finit par y croire. L’autre raison de cette réussite, ce sont des personnages qui prennent petit à petit de l’importance. Tel gardien de prison dissimule un sombre secret, tel autre se prend d’affection pour les détenus, tel autre prisonnier semble fomenter quelque chose dans son coin, etc. Si bien qu’au bout de quelques épisodes, Zander Cannon a développé tout un casting attachant et dont a envie de connaitre le destin. Pas de doute : Kaijumax est une véritable petite bombe (atomique) dans une industrie qui se contente trop souvent d’appliquer des formules vue et revues. Mon gros coup de cœur de l’été ! ■

(image © Oni Press, Bliss Comics)

Kaijumax est un comics publié en France chez Bliss Comics.




A propos Stéphane Le Troëdec 631 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.