Les magnifiques planches de Ramon K. Pérez
On dit souvent qu’une bonne bande dessinée, c’est l’alliance entre l’écriture et les dessins. La partie graphique de Jane est assurée par Ramon K. Pérez (Jim Henson’s Tale of Sand, Hawkeye) et Irma Kniivila. Et c’est clairement une réussite. À l’unisson du scénario, Jane porte la voie de Brosh McKenna mais également les mains de Ramon K. Pérez. Le dessinateur canadien adapte son style au gré des humeurs des personnages et de l’atmosphère distillé. Encore un jeu de miroir quand Ramon K. Pérez croque les esquisses de Jane. On découvre la peur de la page blanche et celle de dévoiler sa production aux yeux des autres. Le trait léger mais précis du dessinateur enchante le récit, soulignant un peu plus la modernité souhaitée dans un New York coloré loin de l’image que l’on peut se faire du 19e siècle. Soutenu par une ligne claire et une utilisation des espaces intelligente, la colorisation de Irma Kniivila suit l’évolution de Jane dans le roman graphique. Preuve en est la conception de la scène d’ouverture. Jane évolue dans des planches presque entièrement en noir et blanc, la couleur arrivant par petite touche au fur et à mesure notre héroïne découvre dans la grande pomme.
Jane, une adaptation réussie car différente
La fin de Jane semble un chouia rapide et quelques pages supplémentaires n’auraient pas été de trop pour que l’on puisse encore passer un peu de temps avec ses personnages attachant. Mais la Jane de Brosh McKenna propose un bon équilibre entre pathos et tragédie. Pas question de tomber dans le sordide, ni de décrire un monde de la finance impitoyable brisant tout ce qui bouge. La scénariste ne grossit jamais le trait et évite surtout d’accabler ses personnages qui ont, mine de rien, tous eu leur lot de malheur. Derrière ces trajectoires il y a des sentiments qui se dévoilent. Jane n’est pas une success story ni une magnifique histoire d’amour, comme vient nous le rappeler l’acte final. En cela, les adorateurs de Jane Eyre pourront être déçus. Mais pour ses 1ers pas dans le monde de la bande dessinée, Brosh McKenna enchante avec son écriture moderne et pleine d’enthousiasme. Jane est une réussite au niveau de l’écriture mais également dans son approche graphique résolument moderne. ■
Jane est un comics publié en France chez Glenat.