DC Vampires : World War V ou Gotham en mode post-apo vampirique

DC Vampires World War V
Temps de lecture estimée : 5 min.

Résumé de l’article

  • Plonge dans l’univers alternatif et brutal de DC Vampires : World War V, suite directe du crossover vampirique signé Matthew Rosenberg et Otto Schmidt.
  • Découvre comment Damian Wayne déclenche une guerre totale contre Batgirl, nouvelle reine des vampires.
  • Suis une multitude de sous-intrigues intéressantes, de Swamp Thing à Constantine, en passant par Talia et Mister Miracle.
  • Découvre un twist majeur de cet univers
  • Assiste à une conclusion époque où les morts s’entassent et où l’univers DC se redessine.

Chez DC, quand on dit « événement », on parle rarement de trucs tranquilles. Et avec DC Vampires : World War V, autant dire qu’on est à mille lieues d’une sauterie chez Bruce Wayne. Reprenant le flambeau de la série DC vs. Vampires, Matthew Rosenberg et Otto Schmidt reviennent pour six épisodes aussi généreux qu’impitoyables. On y retrouve les restes d’une humanité exsangue, un Damien Wayne à deux doigts du burn-out existentiel, un Green Arrow en mode résistant et, bien sûr, des vampires qui ont les crocs. Bref, une bonne grosse guerre civile façon suceurs de sang.

Mais alors, que valent les six premiers numéros de cette World War V ? Est-ce qu’on tient un digne successeur à DC Vampires ou un banal comics d’horreur façon gousses d’ail et pieux en chêne ? Spoiler : un peu des deux. Et comme le dit si bien Green Arrow à Gorilla Grodd : « Tu ne manques pas de culot pour quelqu’un qui mange des gens. » Voilà. Installez-vous, on ouvre le cercueil. Prêt ?

Un monde en ruines

Neuf mois après que John Stewart et Kyle Rayner se soient vautrés dans une tentative désespérée de sauver la planète, le monde est devenu un immense terrain de jeu pour cadavres ambulants et héros semi-vampirisés. Damian Wayne, vampirisé, toujours plus entouré de clones de Hush, prend les commandes d’une guérilla humaine (pas si humaine que ça). Et il balance un message à Barbara Gordon, reine des vampires nouvellement intrônisée : « Sic Semper Tyrannis« , autrement dit « Mort aux tyrans ». La fragile trêve entre humains et vampires résistera-t-elle à cette déclaration de guerre ?

De son côté, Green Arrow tente de préserver cette une paix toute relative, mais tout part très vite en vrille. Un nouveau Batman chasseur de vampires pointe son nez, un bébé biberonné par un Mister Miracle vampirisé disparaît, et Constantine… fait du Constantine, c’est-à-dire qu’il manigance dans son coin.

Damien Wayne, entre deux eaux de sang

Dès le premier épisode, Matthew Rosenberg nous propulse dans une confrontation entre Damien et les forces de Barbara. Ce n’est pas subtil, mais c’est efficace. Le dessinateur Otto Schmidt s’en donne à cœur joie dans le gore classieux (comprendre : pas trop choquant, on reste chez DC Comics), avec des tripes joliment ombrées et des poses dramatiques à souhait. Damien se positionne vite comme l’électron libre de cet univers, aussi flippant qu’incontrôlable.

Mais là où ça devient vraiment intéressant, c’est quand Matthew Rosenberg commence à nuancer le personnage. À mi-parcours, on découvre un Damien plus humain, hanté par ses choix, bousculé par ses nouvelles alliances. C’est toujours un enfoiré, mais un enfoiré avec une conscience.

Des sous-intrigues en pagaille, mais pas en vrac

Là où beaucoup de récits sombrent sous le poids de leurs ambitions, World War V tient debout. Pourquoi ? Parce que Matthew Rosenberg soigne les sous-intrigues : méthodiquement, avec des coups bas bien placés. Aquaman tente de sauver les meubles, Constantine semble se perdre dans ses trahisons à plusieurs niveaux, Swamp Thing et Green Arrow jouent « à Blade » dans Dakota City, et Talia Al Ghul sort du bois pour protéger son rejeton (normal). Ça part dans tous les sens, oui, on est d’accord. Mais ça fonctionne, parce que chaque scène apporte un truc. Une info. Un twist. Ou un cadavre. Et qu’on en redemande.

Du sang et des révélations

La seconde partie de ce tome 1 de World War V marque un tournant. Green Arrow et son escouade infiltrent un bastion vampire et explore les fameuses fermes de sang. Ces enclos où les vampires élèvent les humains comme du bétail pour récolter leur sang. Classique ? Attendez un peu, car la suite s’avère intéressante et on ne l’a pas forcément vu venir. On découvre l’origine de la puissance des vampires. Sans trop déflorer la surprise, elle est liée à la mythologie de l’univers DC. Ça fait sens et c’est vraiment bien vu.

Ce twist élève l’enjeu au-delà de la simple guerre vampires contre humains. Ce n’est plus juste une révolte. C’est un parasitage des fondations même du multivers. Et rien que pour ça, World War V réussit à s’élever de la condition de simple spin-off.

Final brutal, ambiance apocalyptique et questions qui piquent

La fin de ce 1er tome de World War V est une explosion d’action chorégraphiée au millimètre. Damian et Green Arrow mènent l’assaut contre Batgirl et ses légions suceuses de carotide. Mister Miracle devient une cible, un nouveau chasseur entre en scène (encore un ? Oui, mais celui-là a du style), et les lignes entre humain et vampire volent en éclats.

Le plus impressionnant ? Matthew Rosenberg ne nous épargne rien. Les pertes sont lourdes. Les victoires sont amères. Normal, on est dans un Elseworld et il peut se se permettre bieeeen plus de choses que dans la continuité DC traditionnelle. Et la conclusion, bien que fermant l’arc principal, laisse quelques cadavres narratifs dans le placard pour qu’on ait envie de revenir y goûter.

Conclusion : un bain de sang qui fait le job

DC Vampires : World War V n’est pas un comics de salon. C’est un comics de tra(n)chée : ça saigne, ça crie, ça brûle, et ça ose. Oui, certains épisodes souffrent de dialogues trop longs (notamment à mi-album), oui, toutes les sous-intrigues ne brillent pas avec la même intensité. Mais, bon sang, quel plaisir de voir un event DC qui va au bout de ses idées. Il faut accepter le traitement souvent très (trop) basique des vampires, hérité de la série mère, DC Vampires. Encore que les choses s’améliorent : Damian Wayne est un leader ambigu fascinant. Green Arrow retrouve une noblesse badass. Barbara Gordon est plus inquiétante que jamais. Et la mise en scène assure le spectacle entre cadrages cinglants et palette crépusculaire. Bref, je serai là pour le tome 2.

DC Vampires : World War V, tome 1 est un comics publié en France par Urban Comics. Il contient : DC Vampire : World War V #1-6.




A propos Stéphane 735 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.