Dans The Old Guard, nouvelle série estampillée Image Comics, Greg Rucka et Leandro Fernandez nous proposent de suivre les aventures de cinq guerriers que rien ne peut abattre. Sauf le destin. Et si le scénario reste convenu mais avec de bons moments, la partie graphique est d’une qualité exceptionnelle.
■ par Doop
Il ne doit en rester… que 5 !
Ils sont 5 : Andy, Nicky, Joe, Booker et Nile. Ce sont tous des guerriers, des combattants issus d’un petit peu toutes les époques (les Croisades, les Guerres Napoléoniennes, la Guerre en Afghanistan). Tous ont découvert à un moment qu’ils ne pouvaient pas mourir. Vous pouvez les empaler, leur faire sauter la tête, les cribler de balles, rien n’y fera ! Connectés par des rêves dès que l’un d’entre eux apparaît, ils forment la « Old Guard ». Ce petit groupe de mercenaires accepte les missions les plus périlleuses contre de l’argent ou des biens. Nos héros partagent ainsi leur quotidien depuis des millénaires. Et pourtant le sort peut réserver encore quelques surprises, comme une trahison ou une volonté de tout laisser tomber… Les voici chargés de retrouver de jeunes filles capturées en Afrique par une secte du genre Boko Haram. Et un évènement important se produit : leur secret a été enregistré ! Après la capture de l’un d’entre eux, la Old Guard doit réagir pour éviter que leur existence ne soit révélée au monde entier. Et cela finira dans un bain de sang.
Une intrigue classique mais très bien menée
Ce qu’il y a de bien avec Greg Rucka (Lazarus, Gotham Central), c’est que même lorsque ses histoires ne sont pas toujours extraordinaires, elles sont au pire moyennes et surtout bien écrites. C’est le cas ici. The Old Guard est loin d’être révolutionnaire, l’intrigue s’étale un peu trop sur les 5 épisodes. L’univers est beaucoup moins bien installé que celui de Lazarus par exemple. Mais (et c’est un grand mais), le scénariste arrive par la finesse de son écriture à nous faire parfaitement entrer dans la peau des personnages. On comprend ce que ces personnes ressentent, elles qui ne peuvent pas mourir et qui voient leurs proches disparaitre sous les yeux. Imaginez être sur Terre depuis 6 000 ans ! Je pense que la seule chose que vous voudriez, c’est peut-être mourir ou alors faire que chaque jour en vaille la peine ! Et c’est sur ce principe assez classique que repose une partie de l’intrigue de The Old Guard. De la même façon, la découverte d’une nouvelle immortelle va permettre au lecteur de comprendre ce qu’il se passe, même si le récit ne se fait pas de son point de vue. J’ai lu The Old Guard d’une traite, ce qui est déjà une très bonne chose. Si la trame de fond est loin d’être originale, l’histoire développée et la structure du récit font qu’on ne se lasse pas. Les personnages et leurs dilemmes sont rapidement identifiés et décrits. The Old Guard reste peut-être un tout petit peu trop décompressé mais vraiment bien documenté. Une ou 2 bonnes idées sont à relever : le fait qu’on ne sache pas (et les héros non plus) pourquoi ils sont immortels mais aussi le fait que parfois, ils peuvent mourir. Après s’être pris 15 000 balles, la 15 001 peut être la bonne. On en arrive à la conclusion qu’il s’agit simplement du destin ou d’une intervention divine. Chez certains, leur durée de vie est de 500 ans, pour d’autres 6 000 ans. Cela permet de rajouter une certaine tension lors des scènes de combat, nombreuses et superbement dessinées.
Les graphismes épatants de Leandro Fernandez
Cela fait des années que je le crie sur tous les toits : Leandro Fernandez (The Discipline, Queen and Country) est l’un des tout meilleurs dessinateurs de comics de la période ! Et il le prouve encore une fois avec The Old Guard, où toutes ses compositions, qu’il s’agisse de scènes de batailles gigantesques ou de discussions plus intimistes sont extraordinaires. Son utilisation des ombres ainsi que l’inventivité de son découpage rendent ce comics vraiment particulier. Tout est réussi : ce sont d’abord de vrais dessins et non pas des « photocopies » d’images avec un style prétendument réaliste. Leandro Fernandez a un coup de crayon très personnel et il le maîtrise parfaitement. Un gros 10/10 pour les dessins. De fait, derrière un aspect classique et une histoire qui ne propose pour l’instant pas de gros développements, The Old Guard reste une bande dessinée de très bon niveau. D’ailleurs j’ai failli l’intégrer dans ma sélection du mois à 60 €. On espère que ce 1er tome va en engager un 2e, qui pourra se permettre d’être un peu plus ambitieux. ■