Avec Sacred Creatures, Klaus Janson et Pablo Raimondi, soit 2 artistes qui n’ont plus rien à démontrer, s’essaient au thriller ésotérique. Une tentative pas exempte de défaut, mais prometteuse…
■ par Doop
Les 7 péchés capitaux sont sur Terre. Depuis des milliers d’années, ils essayent d’influer sur la destinée des êtres humains. Ces entités, les Nephilims, sont contrôlés par une gardienne divine qui les empêche de faire ce qu’ils veulent. Les Nephilims vont essayer de manipuler le très humain Josh Miller afin que ce dernier tue la gardienne. Complètement déboussolé et ne comprenant pas ce qui se passe, Josh ne sera pas seul dans sa quête : il sera accompagné de sa petite amie sur le point d’accoucher, de sa mère et d’autres personnages surnaturels…
Lorsque 2 grands dessinateurs s’essayent au scénario
J’ai toujours un peu d’appréhension lorsque j’apprends qu’un dessinateur confirmé s’essaye au scénario. Les réussites sont trop peu nombreuses. Souvent, le ton ou le rythme ne conviennent pas. Scénariste de comics, c’est un vrai métier ! J’étais pourtant intrigué de voir ce que des pointures comme Pablo Raimondi (Madrox, X-Factor, Batman) et surtout Klaus Janson allaient pouvoir proposer. S’il n’est pas nécessaire à mon sens de présenter Klaus Janson, Pablo Raimondi reste à mes yeux comme l’un des meilleurs dessinateurs du moment, largement sous-coté et mésestimé. Ce 1er volume de Sacred Creatures nous présente les 6 premiers épisodes de ce qui semble être une série régulière. Et pourtant, quelle ne fut pas ma surprise de voir son épaisseur : plus de 320 pages ! En effet, le 1er épisode fait plus de 80 pages tandis que tous les autres en font 40 ! C’est donc un sacré tour de force et cela permet, à mon sens, de développer correctement l’intrigue de Sacred Creatures.
Sacred Creatures manque quand même d’originalité
Le concept de Sacred Creatures est basique, comme vous pouvez le lire dans l’introduction. Même si Pablo Raimondi et Klaus Janson semblent avoir des projets à long terme, il faut avouer que, ce n’est pas non plus très original. Si le personnage de Josh et de ses amis sont plutôt sympathiques (on s’identifie assez rapidement), les personnages supranaturels sont en revanche toujours traités sur le même mode, à savoir un individu mystérieux qui ne dévoile rien de son histoire. Afin de complexifier le récit, Pablo Raimondi et Klaus Janson utilisent une trame non linéaire, faisant des allers-retours entre le passé, le passé récent et le présent. Si à la rigueur les passages dans le passé des personnages (dessinés par Klaus Janson) peuvent se justifier, cette vilaine idée qui consiste à complexifier le récit en racontant une histoire simple par des flashbacks commence à m’agacer au plus haut point. Ici, les 2 artistes auraient pu raconter l’histoire chronologiquement, cela n’aurait rien changé. Cela complexifie le récit pour rien, sachant que les protagonistes sont très nombreux. Mais bon, c’est la mode du moment. Relisez les 5 ou 10 derniers comics de votre collection et vous verrez qu’une grande partie est déstructurée chronologiquement sans vraiment de raison. De plus, l’histoire est quand même relativement classique, avec un peu d’American Gods par-ci et de Wicked + Divine par-là, on a même droit à une sorte d’élu…
Une histoire trop écrite mais qui vaut par ses dessins
On aurait pu penser que les dessinateurs de Sacred Creatures allaient donner une place importante aux graphismes. Or c’est plutôt l’effet contraire. Les épisodes sont très longs et très verbeux (parfois trop). Klaus Janson et Pablo Raimondi utilisent trop de dialogues et de planches pour expliquer des choses simples, et délayent leurs intrigues dans des situations trop longues. Sincèrement, ils auraient mieux fait de réduire le nombre de pages car parfois l’ennui nous guette. Ils auraient gagné en efficacité scénaristique. Après, qu’on en s’y méprenne pas, je n’ai jamais eu envie de reposer le bouquin, contrairement à d’autres histoires que j’ai déjà chroniquées sur Top Comics. En voulant proposer le maximum à leurs lecteurs, Pablo Raimondi et Klaus Janson ont rendu leur récit trop long, on va mettre ça sous le coup de l’envie de bien faire. Après, les dessins sont vraiment excellents. Pablo Raimondi signe les ¾ de l’ouvrage et c’est un véritable plaisir pour les yeux, surtout avec les couleurs de Brian Reber. Et quand il est remplacé par Klaus Janson (qui a même changé son style, beaucoup plus clair et détaillé) c’est la cerise sur le gâteau. Sacred Creatures reste une bonne lecture, pas transcendante et avec des défauts, mais qui vaut quand même le coup d’œil. Reste à voir ce que donnera le 2ème volume de Sacred Creatures et si les auteurs vont gommer un peu leurs défauts. Je leur fais confiance. ■