Qu’est-devenu Steve Ditko après son départ de Marvel ?

En quittant Amazing Spider-Man et Marvel, Steve Ditko ne reste pas longtemps sans travail. Il franchit en effet la porte de Charlton Comics, qu’il connaît bien, pour travailler avec l’éditeur Dick Giordano afin de créer la ligne de Comics « Action Hero ».
■ par Doop

 

 

La Charlton Action Line inspire le plus gros succès comics de tous les temps : Watchmen

Si le prix par page est beaucoup moins élevé que chez Marvel, Steve Ditko compense par une productivité intense accrue par le fait que Giordano lui laisse les mains libres. Ditko reprend donc les aventures de Captain Atom et remet au goût du jour un vieux super héros dont Charlton avait acheté les droits quelques années plus tôt : The Blue Beetle. Ce héros d’origine mystique (Dan Garrett, un policier trouve une amulette magique lui donnant des pouvoirs) devient un héros technologique et beaucoup plus réaliste (Ted Kord est un ingénieur qui utilise ses inventions pour faire le bien), ce qui correspond totalement à la philosophie de Ditko. L’artiste crée aussi un nouveau héros emblématique de ses opinions sur la justice : The Question, un justicier urbain sans visage qui n’hésite pas à employer des méthodes violentes et coercitives contre les criminels.
Si la ligne Charlton connaît un succès critique après coup, elle ne dure que 2 ans. Tous ces personnages seront d’ailleurs rachetés par DC Comics une dizaine d’années plus tard, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que Dick Giordano est devenu éditeur au sein de la compagnie de Superman et Batman. Lorsque le scénariste Alan Moore propose au début des années 80 une idée pour remettre au goût du jour tous les personnages de la défunte « action line », les éditeurs de DC refusent. L’histoire est tellement radicale qu’elle rendrait les héros inutilisables par la suite. On propose donc à Moore de créer des nouveaux personnages s’inspirant de ceux de Charlton. C’est ce qui donnera, vous l’avez compris, la mini-série Watchmen !

 

 

Mr A, le héros le plus emblématique de la philosophie de Ditko

Steve Ditko va ensuite intégrer la compagnie indépendante créée par Wally Wood (un autre rebelle des comics, créateur du costume rouge de Daredevil et qui a quitté Marvel pour les mêmes raisons ) et proposer une version plus dure, beaucoup moins grand public que The Question, le héros Mr A !
Ce dernier est la véritable personnification des théories objectivistes d’Ayn Rand, un journaliste qui n’hésite pas à se déguiser pour rendre la justice et tuer les criminels. Il n’y a pas de place pour le gris dans les comics Mr A, tout est blanc ou noir, comme les cartes utilisées par le héros pour annoncer son arrivée. Le héros ne sera publié au sein de la compagnie de Wally Wood que durant 2 numéros ! Cela n’empêchera pas Ditko, qui possède les droits de son personnage, de continuer à distribuer ses aventures dans de nombreuses maisons d’édition jusque dans les années 2000.

 

 

Steve Ditko retourne chez DC et Marvel

Au début des années 70, il travaille pour DC Comics, créant les personnages de Hawk and Dove mais aussi du Creeper ainsi que Shade The Changing Man. Si ces personnages ont connu une certaine notoriété (Hawk and Dove correspondant finalement bien aux idées de Ditko sur le blanc et le noir), ce n’est pas lui qui écrit les histoires. Il s’agit donc tout simplement d’un travail de commande tout comme ses travaux effectués pour Marvel Comics, que rejoindra le dessinateur dans les années 80 lorsqu’on lui assure qu’il ne recroisera plus Stan Lee. Encore une fois, il s’agit de travaux mineurs comme Squirrel Girl, Speedball et Rom Spaceknight, dont il réalisera la fin. Refusant toute médiatisation, il continue de publier ses propres comics via des fanzines. Mort à la fin du mois de juin, son décès sera confirmé au début du mois de juillet 2018. ■




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.