Kill or Be Killed, tome 4 : une conclusion magistrale [avis]

(image © Image Comics)

Dernière salve pour la série Kill or Be Killed. Dans ce tome 4, Ed Brubaker et Sean Phillips concluent magistralement leur série, soutenus par les formidables couleurs d’ Elizabeth Breitweiser.
■ par Stéphane Le Troëdec

 

(image © Image Comics)

 

Dylan s’est fait interné dans un asile psychiatrique où on le soigne pour ses visions. Seulement voilà : le « justicier » qui sommeille en Dylan ne reste pas bien longtemps inactif. Car un salarié maltraite ses patients. Et Dylan compte bien mettre un terme à ses exactions. Il ignore qu’à l’extérieur, la bratva compte bien le retrouver pour se venger de ses précédents massacres…

 

(image © Image Comics)

 

Le monde de Dylan

La grande question de ce dernier tome de Kill or Be Killed est de savoir si Ed Brubaker et Sean Murphy allaient réussir leur conclusion. Jusqu’à présent, on imaginait 2 fins possibles à cette histoire : soir Dylan était fou soit il ne l’était pas et affrontait réellement un démon. Sauf que finalement, la résolution de cette énigme est moins importante qu’on ne l’imagine. Kill or Be Killed, c’est finalement l’univers mental de Dylan, sa manière de voir le monde. Le comics aurait pu s’appeler « Dans la Tête d’un tueur », par exemple. Du coup, l’idée de situer une partie de l’action dans un asile prend tout son sens. Si bien que la conclusion d’Ed Brubaker est satisfaisante, parce qu’elle contentera tout le monde. Ceux qui lisent Kill or Be Killed comme un simple polar y trouveront surement leur compte, tant la série s’amuse à nous balader de suspense en suspense. Les lecteurs qui y voient une allégorie de la notion de justicier (voir de superhéros) aussi.

 

(image © Image Comics)

 

Équilibrisme narratif

« C’est lorsqu’il parle en son nom que l’Homme est le moins lui-même, donnez-lui un masque et il vous dira la vérité » disait Oscar Wilde. Cette notion de masque, liée à celle du justicier et du superhéros, traverse tout le récit. Voir les nombreux clins d’œil aux superhéros de comics quand Sean Philipps pastiche le Batman de Jim Lee, le Spider-Man de John Romita ou bien insère carrément Stan et Steve au détour d’une case. Rien que la position de narrateur de Dylan pose problème : nous raconte-t-il la vérité ou ce qu’il s’imagine. Ed Brubaker s’amuse à jouer avec la temporalité de son histoire, effectuant des bonds en avant ou en arrière dans l’intrigue pour mieux nous cueillir, nous surprendre. Mieux : le scénariste lâche parfois son personnage principal pour mieux le récupérer par la suite dans un numéro de jonglerie narrative absolument brillant.

 

(image © Image Comics)

 

Le travail en nuance d’Elizabeth Bretiweiser

Reste enfin Sean Phillips… Et la coloriste Elizabeth Breitweiser. On ne le dira jamais assez : Ed Brubaker et Sean Phillips constitue le binôme artistique le plus intéressant de ces dernières années. Un duo auquel il convient d’ajouter une 3e artiste : Elizabeth Breitweiser. Cette dernière travaille une palette a priori terne, qui souligne la résignation de Dylan dans sa manière de voir le monde. Mais si on observe attentivement son travail, on remarquera qu’elle vient compléter harmonieusement les dessins de Sean Phillips par un jeu de nuances mais aussi en complétant subtilement ses arrière-plans. On ressort de Kill or Be Killed ravit par sa conclusion et le parcours, mais surtout très curieux de savoir ce que nous réserve ce trio d’exception. ■

(image © Image Comics, Delcourt)

Kill or be Killed tome 4 est un comics publié en France par les éditions Delcourt.




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.