Arrowsmith : 6 bonnes raisons d’espérer une réédition du chef d’œuvre de Kurt Busiek et Carlos Pacheco [avis]

(image © DC Comics)

Quand la magie semble décider du sort de la Première Guerre mondiale, le jeune Fletcher Arrowsmith, cousin éloigné de Harry Potter et Norbert Dragonneau, perd son innocence dans les tranchées européennes sous l’égide de Kurt Busiek et Carlos Pacheco !
■ par Fletcher Arrowsmith

 

(image © DC Comics)

La dernière collaboration magique de Kurt Busiek et Carlos Pacheco

Arrowsmith est la 3e collaboration entre 2 stars du comics des années 2000. Kurt Busiek et Carlos Pacheco ont déjà travaillé ensemble chez Marvel sur un annual des Avengers, puis sur la formidable série Avengers Forever. Avec Arrowsmith, les 2 artistes décident de franchir un cap en créant leur propre univers et en s’affranchissant du carcan des séries mainstream. Cette liberté de ton, on la retrouve tout le long des 6 épisodes (et un spécial d’une dizaine de pages) que compose ce récit complet. Après Arrowsmith nous les retrouverons chez DC pour un cycle sur Superman, qui est en deçà de leurs précédentes collaborations. Arrowsmith est donc le dernier travail d’envergure de Busiek et Pacheco.

 

(image © DC Comics)

 

Une uchronie, une vraie

Uchro quoi ? Une uchronie consiste à modifier un élément de l’histoire pour en proposer une ré écriture subtile. Les amateurs de SF en sont friands, quand c’est bien fait évidemment. Dans Arrowsmith, c’est l’introduction de la magie pendant la Première Guerre mondiale qui fait office de changement… dans la continuité. En effet, ce ne sont pas les Allemands qui font la guerre aux Français mais des Prussiens aux Gallois. On ne parle pas des États Unis d’Amérique mais des États-Unis de Columbia tout comme l’Angleterre a fait place à l’Albion (so perfide). Kurt Busiek et Carlos Pacheco ont réellement créé un nouvel univers alternatif et c’est jubilatoire de découvrir qui est qui. Les auteurs poussent le soucis du détail jusqu’à concevoir une carte de leur Europe imaginaire rappelant celle de la Terre du Milieu du Seigneur des Anneaux.

 

(image © DC Comics)

 

Avant Harry Potter et Les Animaux fantastiques, il y avait Fletcher Arrowsmith et les dragons !

J’adore la saga Harry Potter de J.K. Rowling qui conte un récit quasi parfait en piochant et amalgamant tous les genres du fantastique. Et bien Arrowsmith, c’est pareil ! Les stars sont bien évidemment les dragons mais également les sorciers en généraux, les vampires en soldats de l’ombre et tout un tas de créatures fantastiques. Et comment ne pas voir Norbert Dragonneau et Harry Potter dans le personnage de Fletcher Arrowsmith ? Beaucoup d’idéaux chez Fletcher sont mis à mal au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans la guerre. D’ailleurs les épisodes sont également plus sombres, la colorisation d’Alex Sinclair étant au diapason de l’intensité du scénario. Arrowsmith, c’est également le récit des illusions perdues comme fut la Grande Guerre, la fin de l’innocence et le passage à l’âge adulte.

 

(image © DC Comics)

 

Du sang, de l’amitié et surtout de l’amour

Nous suivons l’initiation de Fletcher Arrowsmith, jeune homme idéaliste qui prend part à l’effort de guerre du côté des alliés, apprend les rudiments de la sorcellerie, découvre l’amour et combat l’ennemi Prussien. Six numéros parfaitement maitrisés dans leur déroulement lorgnant clairement vers un côté feuilleton entrainant le lecteur avec lui. r sur de la nouveauté permet à Kurt Busiek et Carlos Pacheco de proposer à la fois une caractérisation des personnages poussée avec des personnages secondaires qui existent sans être laissé en marge du récit. Le fait de partir sur une base neuve et saine, sans le poids de la continuité, permet à K. Busiek et C. Pacheco de sacrifier des personnages à n’importe quel moment de l’histoire, se rapprochant ainsi de la réalité d’un conflit de cette envergure. Au terme des 6 épisodes d’Arrowsmith vous saurez qui va mourir, qui va survivre, qui va devenir une gueule cassée ou bien trouver son âme sœur. De l’aventure avec un grand A mais également plein de nostalgie.

 

(image © DC Comics)

 

Parce que Pacheco, c’est beau et qu’il y a Merino (en plus ça rime)

En 2003, Carlos Pacheco est au top. Il a dessiné les Avengers et les X-Men, des séries stars de l’époque chez Marvel. Mais surtout il a trouvé en Jesus Merino l’encreur parfait mettant en valeur ses crayonnées. Dans Arrowsmith Carlos Pacheco se lâche et on le sent parfaitement à l’aise dans son univers. Il y a un côté John Ford dans les paysages dessinés mais également un sens du détail poussé où le lecteur se voit proposer de faire un parallèle ludique avec l’Histoire (des affiches, des personnages célèbres). Au niveau de l’action, on en prend plein la vue, l’apothéose étant l’attaque des dragons des mers dans le 3e épisode. Arrowsmith, c’est magique, dynamique et les dernières planches sont émouvantes.

 

Car Arrowsmith va revenir

Depuis de nombreuses années Carlos Pacheco envisage de reprendre Arrowsmith mais pour les fidèles de la 1re heure c’est grise mine. Peut être que Norbert Dragonneau a fait de l’ombre aux Dragons de Arrowsmith ? Fin 2018 le fil Twitter du dessinateur espagnol lâche quelques indices en dévoilant des recherches liées aux années 20 et en suggérant qu’il est le temps que les dragons sont prêts à décoller à nouveau. Et puis fin janvier 2019, la délivrance : un dessin inédit de Fletcher qui se réveille d’un long sommeil qui n’a que trop duré ! La révolution est en marche, le monde est prêt à accueillir la suite des aventures de Fletcher Arrowsmith surement dans l’après-guerre !

(image © DC Comics, Editions USA)

Arrowsmith est une série en 6 épisodes scénarisée par Kurt Busiek, dessinée et par Carlos Pacheco et encrée par Jesus Merino. Arrowsmith a été publié en 2003 par Wildstorm, une filiale de DC Comics, et en France en 2004 aux Éditions USA en 3 volumes (2 tomes et une intégrale). ■